dissabte, 31 d’agost del 2019

Mots voyageurs. luuken, lucar, llucar; trabucar, trébucher.

Dans le post précédent, j'ai évoqué trois exemples de mots voyageurs.

1- Le mot abalòt et abalotar commun au gascon et au catalan (avalot, avalotar). Ce mot est inconnu de Mistral qui ne connait pas d'avantage balude, abalude et abalut qui sont des gasconismes à l'origine probable d'abalòt. On a là un mot qui a migré du gascon au catalan sans passer par la case de l'occitan et encore moins du français.

2- le mot breton morc'hach (variante dialectale de morc'hast, fr. requin, squale lit. chienne de mer) qui a voyagé en profitant du continuum roman après avoir été adapté en gallo sous la forme "(la) marache", puis du gallo le mot est probablement passé en poitevin-saintongeais pour atteindre ensuite le gascon côtier (gascon "negue" : marrache ou marraisha, selon votre système graphique) qui l'a fait passer en Espagne. Le mot a été adopté par toutes les langues de la péninsule ibérique, en particulier le catalan (el marraix) et l'espagnol (el marraxo - > marrajo et marrajo-a) qui l'a renvoyé au gascon (esp. marraja - > gasc. la marraca ou marraco selon v.s. g.) et aussi à l'occitan languedocien (esp. (el) marrajo - > oc. (lou) maraco (fr. squale, TdF) soit lo maraca en graphie alibertine (Ubaud). La limite septentrionale de l'aire du mot d'oil marache est la baie du Mont Saint Michel. Il est à noter que le français de France ne connait pas ce mot et n'a donc pas pu participer à son voyage. En revanche le français du Québec le connait bien, qui l'a adopté sous la forme maraiche (nom canadien du requin-taupe), un emprunt au gallo ou au poitevin-charentais en français du Québec. Le mot est donc entré en français par la porte canadienne.

Un autre mot breton "morgu", l'équivalent masculin de morc'hast (morgu: lit. chien de mer, désignant une sorte de squale, grande roussette) a fait une partie du  même chemin que "morc'hast". Celui-là est bien attesté en poitevin-saintongeais (Île d'Oleron: "mǝrg" = grande roussette) d'où il a du gagner le gascon côtier: mirc, mirque (mirca) (id.) mais il n'est apparemment pas allé plus loin que le gascon de Bayonne (mirc s.m .déjà attesté au 14ème siècle à Bayonne, la mirque ou mirca (selon v.s.g.)  dans le bassin d'Arcachon cf. Palay). Je ne sache pas que le mot ait continué son chemin en Espagne contrairement à son correspondant féminin marache.

3- le mot cachalot (17ème s.) , issu de cachalut (ou plutôt caishalut en graphie alibertine, de caishau, d'où caishalòt), qui est passé du gascon à une multitude de langues via le français, l'espagnol, l'anglais et le russe.

Comme quatrième cas d'école de mot voyageur, je prendrai comme exemple un mot flamand qui a été adapté en picard au Moyen-Âge. Cette romanisation  a permis au mot de voyager vers le sud jusqu'en Catalogne  en passant par les langues d'oil, le gascon et l'occitan. Il s'agit de loeken (forme du mot en néerlandais moyen) ou luuken (forme du mot en flamand occidental contemporain, le flamand de la région de Dunkerque) qui signifie regarder et en particulier regarder en cachette. Ce mot est cognat du verbe anglais to look. L'attestation la plus ancienne de ce mot en roman l'est en picard dès le 13ème siècle sous la forme "luquier", "aluquier". Du picard il est passé en français sous la forme luquer (aujourd'hui ne subsistant que sous la forme reluquer). Il a continué son chemin vers le sud et on le retrouve en gascon et en languedocien sous la forme "lucar" (regarder furtivement, regarder en cachette). Le mot a diffusé jusqu'en catalan où il a été naturalisé sous la forme "llucar" (regarder furtivement, regarder en cachette). Bien entendu, pas plus que le mot "marraix", le mot "llucar" ne porte d'étiquette indicant son origine et Coromines n'a pas compris d'où ils venaient, ni l'un, ni l'autre. Dans le cas de marraix c'est le mot breton morc'hach qui a été romanisé en marache (mot gallo),  le gascon maritime (gascon negue) a provoqué le doublement du r par effet d'expressivité (le marrache) et a probablement causé la masculanisation du mot dans les langues romanes d'Espagne à cause de l'article feminin lanusquet "le" pris pour masculin.  Dans le cas du mot "llucar", il vient de luuken via le picard luquier, le français luquer et le gascon et occitann lucar (dans cet ordre). A la différence de marache qui n'a pas traversé le domaine du français, et donc le français ne connait pas ce mot (sauf au Québec via le gallo ou le poitevin-santongeais ou les deux), luuken - luquier a traversé le domaine du français en voyageant vers le sud, autrefois luquer en français, puis lucar plus au sud et enfin llucar en catalan.

Il peut évidemment arriver que d'autres mots fassent un voyage vers le nord à partir du gascon comme on l'a déjà vu avec "cachalot". Je pense que c'est le cas de "trabucar" dont l'étymologie supposée (et à mon humble avis suffisamment invraisemblable pour ne pas être crédible) le fait remonter au substantif germanique "buc" qui signifie ventre, affixé avec le très roman tra (latin trans), donc tra + buc avec l'idée de renversement. Toutefois le gascon, avec son substantif trabuc (obstacle, empêchement, problème) et les mots dérivés entrabuc e entrabucar, ce dernier partagé avec le catalan entrebanc(ar), fait sans problème la relation entre "trabucar" e le verbe roman "travar", fr. entraver. Alors, plutôt que ce germanique "buc" qui sent l'étymologie populaire germanisante assez loufoque (avec tout le respect que je dois pour la romanistique allemande) , je parierais plutôt pour une étymologie bien romane, de "travar"  entraver. Le b de trabuc(ar) à la place du v /w/ , je l'explique comme gasconisme phonétique destiné à éviter la diftongaison qui entrainerait une confusion de trauuc(ar) avec trauc(ar) (fr. trou(er)). EDIT: Cette forme trauucar existe néanmoins en gascon, ce qui renforce mon hypothèse alternative travar - > travucar (= trauucar) - -> trabucar cf. le commentaire de Gaby, merci à lui!)  Trabuc(ar) serait (selon moi)  au verbe roman travar (fr. entraver) ce que foruc(ar) - horuc(ar) est au verbe roman forar (creuser, forer). Trabuc(ar), horuc(ar): ce type de construction me semble typiquement gascon,  Ainsi on explique le e de la première syllabe du mot français trébucher qui dérive  de trabucar, car en gascon ancien le a comme le e prétoniques devaient se prononcer /ǝ/ comme en catalan oriental contemporain, ce phonème étaient résolu graphiquement (et plus tard phonétiquement) indifféremment par e ou par a: trabucar /trebucar comme demorar /damorar. Trabucar viendrait de travar en (proto)gascon à une époque où le u du gascon se prononçait comme en latin et en catalan. Le mot  serait donc commun au (proto)catalan et au gascon. En revanche entrabucar et entrabuc ont du passer beaucoup plus tardivement du gascon au catalan. Le "u" gascon s'y disant /y/, ce phonème a du pauser un problème phonétique dans la langue voisine qui l'a résolu par les adaptations gasc. entrabuc()ar `> cat. entrebanc(ar) (de fait de première attestation relativement récente en catalan, 19ème siècle). Une adaptation analogue concerne le mot catalan "deixondar" (réveiller) que l'on peut faire remonter au latin "de-excitare" par emprunt et adaptation du verbe gascon "deishudar" (id.), gasc. deishudar - > cat. deixondar, et aussi le mot catalan trona (chaire de prêche) qui dérive du gascon truna  (du latin tribuna alors que ce dernier mot latin a donné tribuna en catalan, d'attestation plus ancienne  dans cette langue). Dans chacun de ces trois cas, c'est l'u gascon /y/ - imprononçable pour un espagnol non-gascon- qui provoque une anomalie phonétique en catalan.

 Pour moi,  si on croit que l'étymologie de trabuc(ar)  est bien la construction tra + buc comme il est généralement admis dans tous les bons ouvrages (mais je ne suis pas un bon ouvrage et j'essaye de raisonner ;-) ), la probabilité que ce mot ait pu être imaginé en plusieurs endroits distincts est absolument nulle tellement l'étymologie en est "spéciale". Donc il a forcément du être créé en quelque endroit et de là il a du voyager.  Et comme je crois, moi, à une étymologie plus "classique" et plus ordinaire de mon point de vue d'étudiant du gascon, plutôt un dérivé gascon du verbe roman "travar" qu'un composé tra + buc, j'admets alors que le mot "trabucar" a du voyager par diffusion à partir du (proto)gascon pour envahir l'espace roman. Dans tous les cas de figures, on a affaire à un mot voyageur mais dans mon hypothèse on a affaire à un mot cent pour cent gascon, qui a voyagé.

Dans le post suivant, je parlerai des traces linguistiques du gascon en Asturies qui remontent au onzième siecle et se prolongent jusqu'à nos jours. .

diumenge, 25 d’agost del 2019

Le mot catalan avalot est de formation gasconne (aussi alboroto en espagnol).

Il y a un mot catalan que les historiens qui s'intéressent à l'histoire médiévale de la Catalogne connaissent tous très bien, c'est le mot "avalot" (s.m)., qu'on peut traduire par "manifestation de rue",  "agitation populaire", "soulèvement", "émeute". Le mot remonte au 14ème siècle avec l'épidémie de peste noire et les émeutes ("avalots")  conduisant aux massacres antisémites en Espagne, les juifs étant accusés d'être responsables de l'épidémie et du malheur du monde. L'étymon  d'"avalot" est le mot latin "voluta", mais il n'est pas facile de faire dériver phonétiquement "avalot" de "voluta", aussi Coromines avait-il suggeré une hypothèse un peu différente, une dérivation non pas à partir de "voluta" mais à partir du verbe "volutare". De ce dernier  serait issu le verbe catalan "avalotar" dont "avalot" dériverait à son tour. Cette proposition de dérivation pause toutefois un gros problème car en passant du latin en roman on s'attendrait à ce que le "t" intervocalique du verbe "volutare" se fasse "d". C'est d'ailleurs ce qu'on observe avec le verbe "voludar" en occitan,  en gascon et même en catalan septentrional (roussillonais). Ce verbe "voludar" derive de "volutare" de manière on ne peut plus canonique. Alors comment expliquer la persistance du "t" dans "avalot" et "avalotar"?

La réponse, selon moi, se trouve en gascon.

Le mot latin "voluta" (s.f.) a donné  "baluda" (s.f.)  en gascon. Notons que la prononciation /a/ de la prétonique évite l'homonymie de   "baluda" avec "voluda" (du gascon "voler"). "Baluda" a une variante synonyme "abaluda" (s.f.) (probablement par effet du verbe dérivé de "baluda": "abaludar", l'abaluda = la baluda). Cette variante évite l'homonymie avec "valuda" (de "valer"). Ce substantif "abaluda" est a l'origine de la fòrme masculine synonyme "abalut" (s.m.). C'est la création de ce mot gascon "abalut" qui est à l'origine de ce qui ressemble (faussement) à une conservation du  "t" de "voluta". Faussement, car ce "t" n'est évidemment pas celui de "voluta" qui a bien donné de fait un "d" en gascon (voluta - > baluda) mais le résultat de la reconstruction populaire d'une forme masculine a partir d'abaluda (s.f.) - > abalut (s.m.). C'est de ce mot "abalut"  que dérive probablement le mot abalòt (passé en catalan: avalot) et de ce même mot abalòt vient le verbe "abalotar" qui en a conservé le t (également passé en catalan: avalotar). Le passage d'abalut à abalòt s'est fait par substitution de ce qui est pris pour un affixe (-òt remplaçant -ut). Cette substitution est probablement le fruit d'une commodité adaptative au sein d'une communauté à cheval sur les Pyrénées. On a parlé gascon au sud des Pyrénées, et particulièrement en Catalogne, du fait de l'importance de la communauté gasconne qui s'y était installée, et au Pays Basque où le gascon y était installé localement depuis les origines de langue. En Catalogne comme au Pays Basque, le gascon y était évidemment en interaction orale avec les autres langues. Or, l'affixe gascon -ut est imprononçable pour un Espagnol (non-gascon) contrairement à -òt, -ote, communément utilisés au nord comme au sud de la frontière. On a un autre exemple, très similaire, de ce même phénomène de substitution d'affixe avec le mot gascon caishalut. Cachalut, c'est la forme d'attestation la plus ancienne du mot cachalot, recueillie à St Jean de Luz en 1628 (voir ). Littéralement (lo) caishalut signifie (le) dentu. Caishau ou cachaù - selon votre système graphique- signifie molaire, grosse dent. Caishalut ou cachalùt veut dire qui a de grosses dents -c'est une  caractéristique qui distingue le cachalot des vraies baleines qui ont des fanons en place de dents. Ce mot caishalut est à l'origine de la forme moderne caishalòt (cachalot, St Jean de Luz, 1675), mot gascon devenu international, adopté en français et en espagnol (cachalote) et un très grand nombre d'autres idiomes, de l'ouzbek à l'irlandais en passant par le basque, l'esperanto, etc, pour y désigner notre baleine à dents. On y retrouve là exactement la même modification adaptative:  caishalut - > caishalòt; abalut - > abalòt.  La substitution s'y 'explique pour exactement les mêmes raisons, avec trois siècles d'écart entre ces deux exemples. Notez que la provenance gasconne et la signification du mot cachalut  à l'origine du mot cachalot, quoique très claires pour qui connait le gascon, sont ignorées d'absolument tous les dictionnaires, la faute en incombant à Coromines qui a sauté l'étape "cachalut" de 1628 et celle de "cachalot" de 1675 en prenant comme départ la forme ibérique "cachalote" dont la première attestation ne remonte qu'à 1795 en espagnol et à seulement à 1855 en portugais. Le mot cachalot ne fait pas référence à la grosse tête du cachalot, n'en déplaise à Coromines, mais au fait que le cachalot a des dents et non des fanons.

En gascon, il existe le verbe "arbarotar" et le substantif associé "arbaròt". Je pense que ce verbe "arbarotar"  dérive d'"abalotar", probablement via un plus ancien et hypothétique "*arbalotar", par fausse construction employant  la particule prosthétique d'insistance gasconne ar- , de la même façon qu' "arturar" derive d''"aturar", "argüeitar" d'"agüeitar", "arcuélher" d'"acuélher", "arténher" d'"aténher" etc, etc. Ce procédé, typique du gascon, y est assez commun et ne sous-entend pas nécessairement de glissement sémantique, plutôt juste une variation morphologique allélique. Par exemple, la signification d'arturar n'est pas différente de celle d'aturar, ni celle d'arcuélher n'est différente de celle d'acuélher.  C'est la façon de dire qui change, pas nécessairement le sens.

Le mot gascon "arbaròt" ou son ancêtre hypothétique "*arbalòt" est très probablement à l'origine du mot de l'espagnol ancien "alborote" (confusion en espagnol de la prothèse gasconne ar- avec l'article arabe al), et donc d'alborotar et d'alboroto en espagnol contemporain.

C'est ainsi que j'explique cette persistance anormale du "t" intervocalique de "voluta" dans les mots gascons abalòt e abalotar, arbaròt e arbarotar, catalans avalot, avalotar (et leurs dérivés par substitution du préfixe esvalot, esvalotar) et, en espagnol, arboroto (anciennement arborote) et arborotar. Ce "t" intervocalique est d'origine gasconne et s'explique par ce processus de reconstruction populaire pour donner un correspondant masculin au mot gascon "abaluda" sous la forme d' "abalut". Ces mots "abalut";  "abaluda" et "baluda" sont strictement gascons et, dans mon hypothèse, "abalut" serait  bien l'ancêtre des mots catalans et espagnols  via les dérivés d'abalut  en -òt (abalòt, *arbalòt, arbaròt).  Avalot serait bien un gasconisme (abalòt en gascon) com le sont "arborotar" et "arborote" en espagnol. Tous ces mots dérivent du mot gascon abalut via abalòt et abalotar ou leurs dérivés "préfixés" en ar-.

A l'origine, la signification générale du mot gascon "baluda" var. "abaluda", var. "abalut" était l'enroulement (lat. voluta, cf. français volute) puis  "qui assemble ou fait corps en s'enroulant". Ce mot "baluda" s'applicait en particulier au câble qui s'enroulait autour la perche du paysan pour la fixer à son char. Le char et son câble ayant disparu, seule est restée la perche, et le mot a cessé de désigner le câble  pour désigner la perche elle-même (cf. dans Palay balude, abalude, abalùt). Le concept de l'enroulement a alors été perdu par la langue contemporaine. Toutefois la désignation ancienne du mot baluda s'appliquait bien au câble qu'on enroulait et non à la perche (cf. FEW vol 23 p. 66, câble, balude).   Appliquée à la foule, le mot, sous sa variante en -òt, est venu à désigner  un attroupement, un mouvement convergent de différentes troupes s'assemblant en un point pour n'en faire qu'une  (c'est la défintion du mot gasc. "abalòt", s.m.,  donnée par Palay) puis, par extension, a désigné le phénomène lui-même à l'origine de ces mouvements, c'est-à-dire une une émeute  (c'est le sens donné au mot cat. "avalot",  au gasc. "arbaròt" et à l'esp. "alboroto"). Au 14 eme siècle en Espagne, précisemment en 1391, le point de ralliement de l'"abalòt" c'était le "call", la rue où vivaient les Juifs. Là les maisons juives étaient incendiées et des pauvres gens délogés et massacrés parce que supposés coupables d"être responsables de l'épidémie de peste noire et du malheur des Chrétiens.  Trois cents Juifs furent massacrés lors d'un "avalot" contre le call de Barcelone en août 1391. Cette même année, de nombreux calls furent anéantis en Catalogne comme dans le reste de l'Espagne.

Voilà un nouvel exemple montrant que les mots ne s'arrêtent pas aux frontières décidées arbitrairement par la géopolitique ou par les linguistes. Ils diffusent d'un point à l'autre à l'intérieur de la Romania, faisant même parfois des allers-retours  comme on l'a déjà vu avec le mot breton morc'hast var. morc'hach (requin, squale lit. chienne de mer) passé en roman (gallo) sous la forme (la) marache -  >  en gascon lanusquet;  (le) marrashe (s.f.) -   > esp. ancien  (el) marraxo (s.m., à cause de la forme de l'article "le" du gascon lanusquet confondu avec un article masculin); - > esp. (el) marrajo  (x (sh) - > jota à partir du 17eme s.);  astur-leonais et galaico.-port. (el/o) marracho; cat. (el) marraix, euskara marratxo. L'espagnol marrajo a redonné en catalan  marraco (monstre effrayant les enfants), oc.- languedocien oriental  maraca (s.m. TdF: maraco; fr. requin, squale); tandis que le mot espagnol la marraja ( en fr. la rusée en mauvaise part, la perfide) a donné en gascon la marraca (toile d'araignée). Le mot a donc fait un voyage aller-retour entre Gascogne et Espagne. Et c'est l'espagnol qui a donné le mot au languedocien maritime.

Ce qu'il faut retenir, je crois, c'est que les mots n'ont pas vraiment de nationalité. Par contre,  ils ont une utilité et quand ils plaisent, ils diffusent grace aux gents qui ont une certaine compétence linguistique  (du fait de leur migration, du contact commercial ou qu'ils vivent en zones plurilingues) et qui les utilisent. Au fur et à mesure du voyage et du temps, le sens peut évoluer. De la signification initiale de squale en breton, gallo et en gascon  on passe à celles de squale et de perfide en espagnol (marrajo -a) et de celle de requin ou perfide on passe à celle de monstre qui fait peur aux enfants en catalan (marraco) et à celle de toile d'araignée en gascon (marraca cf. Palay, marraque). De squale à toile d'araignée, le chemin sémantique semble improbable et pourtant, il est bien là.

dissabte, 24 d’agost del 2019

Quaranta per cent.

Lejut çò qui sec a la wikipedia occitana a la paja "jornalet":

"Un sondatge recent publicat en jornau datat deth 23 de abriu de 2015 indiquèc que 40 per cent des lectors deth jornalet responeren positivaments en contribuir financiaraments ath micromecenatge demanat peth jornau. Son 76 sumadors segon çò que revele era planta web totSuma que aplegue aguesta operacion de micromecenatge."

Los qui responón positivament au microcenenatge qu'èran setanta sheis segon la planta web totSuma. Se lo sondatge publicat peu quiti Jornalet ei hidable en indicar que 40%  du lectorat deu jornalet b'èran contributors, n'ei pas complicat de dedusir lo nombre de lectors qui lo jornau compdava au moment deu sondatge. Cent quate vint. Qu'espèri que son mei uei lo dia. M'an arreprochat d'aver publicat aquestas chifras; totun, non las ei pas inventadas jo, que son publicas. Lo jornau que revendica un milierat de lectors. B'ei possible lo sondatge deu Jornalet ne sia pas hidable, a la fèita fin.  Ua gran proporcion de non-contributors que pogón estimà's mei d'evitar de participar au sondatge per ua rason o ua auta, ço qui podó miar tà ua susestimacion deu percentatge deus contributors.


A l'ora que i escrivi aquestas linhas, lo site deu Jornalet n'ei pas mei accessible...Qu'espèri ne sia pas sonque un entrabuc informatic qui ne durarà pas. Que desiri lo Jornalet que visca, que torne en bona santat. B'ei vertat, ne soi pas estat sovent d'acòrd dab la linha editoriau deu Jornau, excessivament occitanista e ben pòc avisada deu men punt de vista. A mei, que m'an censurat permanentament despuish temps per las meas ideas, mès aquò rai! Que'm poish exprimir au men blòg personau e qu'ac hèi a plàser. Lo Jornalet qu'a lo dret d'existir e de dehéner las ideas qui son lors. Quant a la censura, que muisha au còp ua etica flaca e que non son pro segurs d'eths medish e qu'an paur a la contradiccion. Aquò rai. Que torne lo Jornalet!

divendres, 23 d’agost del 2019

"Viéner" derivat de "vier", "vier" derivat de "vir", "vir" fòrma gascona de "venir".

En un pòst passat, Bruno que'ns hasó remarcar Manciet qu'emplegava la fòrma "viéner" qui ei la fòrma tipicament biarnesa deu vèrbe, en plaça de vir. Aquesta darrèra fòrma, enqüèra que hòrt anciana, n'ei pas guaire comprensibla en dehòra deu maine gascon. L'analisi cronologica deus tèxtes en gascon medievau  qui ns'amuisha la fòrma vier qu'ei mei anciana non pas viéner, çò qui'ns suggereish viéner que deriva de vier e non l'invèrse.

De fèit, las tres fòrmas mei ancianas deu vèrbe en gascon escriut  qu'includeishen "venir" (venir/ benir ca 1220, uei extint; EDIT: non pas totafèt, enqüèra emplegat aus limits setentrionaus deu maine cf. lo comentari de Gaby) e la soa varianta gascona plan regulara vir/bir  (1278, enqüèra viva). Ua caracteristica de "venir", "vir" qu'èra de formar un participi passat en "bencut" (Baiona, 1170) o  "vincud" (Baiona, 1215) (vengut e vingut en oc e cat contemporanèus). Aquesta terminason en -ut qu'ei tipica des vèrbes en -er, çò qui degó miar de vir tà vier per cambiament de grop. Aquesta darrèra fòrma de l'infinitu qu'ei d'atestacion la mei anciana en gascon (1215, Baiona) e  au sègle 13 qu'èra espandida per Biarn com enlòc mei. Que la trobam atau aus Fòrs de Morlaas (1220)  enqüèra aus Fòrs d'Ossau (1267). La fòrma tipicament biarnesa deu mot  dab n "biene" (viéner) qu'ei d'atestacion mei recenta (1330), o sia que "viéner" poiré derivar de "vier" per mala "correccion". Los gascons de l'atge mejan qu'èran acostumats a corregí's, qu'escrivèvan "far" o "fer" (segon los parlars) e "una" (jamei ua), per exemple. Que podem imaginar qu'aquesta correccion de vier en viéner estó suggerida o influenciada peu romanç parlat a la Navarra deu sud (cf. "viene", de "venir"). Lo gascon, estant la lenga administrativa e culta de la Navarra deu Nòrd,  qu'èra lenga co-oficiau au Regne de Navarra, e, de fèit, en interaccion diasistemica dab lo romanç navarrés com ac amuishan los tèxtes juridics e la correspondéncia reau conservats aus Archius Generaus deu Regne de Navarra a Pampalona.  "Vier" e "vir" que son fòrmas hèra escuras per un non-gascon, chic o briga comprensiblas en dehòra deu son maine. Au contra, viéner qu'ei limpid. Véner qu'a ua auta significacion en gascon, que correspon a l'espanhòu vender, francés vendre. La fòrma viéner com a substitut a vier que hasè sens.

En gascon landés, l'abat Foix que balha tres fòrmas peu noste mot: biene (viéner) qui ei la fòrma balhada com a referenciau -supausadament  pr'amor qu'ei la fòrma literària biarnesa, autanplan emplegada en Shalòssa-, la varianta bìne (víner)  e bi /vir ,aquesta darrèra fòrma estant la mei ancianament atestada de las tres e regularament derivada de venir. Totun l'absencia de n en vir que hè lo mot  pòc intelligible peus occitans non avisats. O sia n'ei pas impossible que Manciet e causisse la fòrma viéner en plaça de vir per rasons de mei bona compreneson. En fèit, lo mistèri que demora quant a saber quina fòrma estó emplegada per  Manciet au son manuscrit. Que seré interessant de poder consultà'u.

EDIT. Legetz lo comentari hòrt interessant de Gaby. La fòrma venir n'ei pas complètament extinta de cap a Bordèu. E que i existeish la fòrma vèner qui sembla derivar de venir per cambiament de grop (pp vingut). Qu'an tanben víer. L'accentuacion n'estant pas marcada en grafia medievau, ne la podem pas definir entau mot ancian. En aranés, lo vèrbe vier qu'ei conservat, en concurréncia dab vénguer.

Honts: DAG Fasc. 12  §1615 p. 914 Niemeyer 2009

dimarts, 20 d’agost del 2019

Impostura lingüistica: complement tau pòst passat.

Au pòst passat, que i denonciavi l'impostura lingüistica qui consistiva a corregir mots o l'accentuacion de las fòrmas verbaus com si estossen fautivas o incorrèctas per la simpla rason que non cabèn pas pro plan au motle de l'occitan (lengadocian) ni au motle biarnés. Que calè a tot hòrt "occitanizar" (o "bearnizar") lo tèxte gascon. Qu'ei lo cas, per exemple, dab las correccions de las fòrmas verbaus rizotonicas deus Condes d'Arnaudin "metuts en grafia classica e espurgats deus gallicismes màgers per Patric Guilhemjoan" (Per Noste, 2005) on i trobam: "que vòu véder se vos i prenetz de'u vòst cap avant".. (p. 39).  anatz-i véder se voletz (p. 53) etc ...en plaça de "...se vos i  prénetz de'u..."etc; "...se vòletz".   Que tròbi lamentable que la transcripcion grafica e sia un pretèxte entà deformar la lenga de l'autor. Que poderí compréner qu'un tèxte escriut en gascon nègue estosse virat tà ua auta modalitat gascona, aranés o biarnés, dab ua finalitat pedagogica, perqué non, mès se n'ei pas lo cas, respectar lo tèxte de l'autor que cau. "Prénetz" e "vòletz" ne son pas briga gallicismes ni incorreccions, puish que son las fòrmas plan normaus en gascon lanusquet. N'i a pas nada rason per cambiar-las en "prenetz" e "voletz".  Totun que m'estau dab un dobte: e serà ua volontat deliberada d'omogeneizacion linguistica o simplament ignorància? Errors involontàrias o correccions conscientas? Lo "Manuel de Conjugaison Gasconne de Grosclaude-Nariòo, PN" que compara las conjugasons en un hèish de parlars, lo d'Arnaudin inclús.  Ailàs, las fòrmas rizotonicas en question que i son absentas, abusivament corregidas en fòrmas "bearnesas", en tot cas au men exemplar que data un chic, ne sèi pas se estón rectificadas a las reedicions mei recentas. Ne crei pas que s'agesca d'ua correccion deliberada, aquiu. Meilèu ua error.  La "grammaire gasconne du parler de la Grande-Lande et du Born" de R. Lassalle n'existiva pas enqüèra, urosament que l'avem uei lo dia. L'error n'ei pas mei perdonabla.

Lo quite gascon de Camelat que sufrí correccions d'aqueth escantilh en aquesta transcripcion deu poèma Belina (Beline), pareishuda en 1962, qui'n hasó lo praube Pèir Bèc  Au demiei de las "correccions" aportadas peu Pèir Bèc, qu'èi notat "Jan" que vad "Joan" e "adishatz" que vad"adiu-siatz", duas modificacions plan inutilas qui pausan trabucs a la fonetica deu poèma. Mei grèus que son las correccions de las accentuacions de las fòrmas verbaus de la 5au persona de l'indicatiu deu vèrbes en -er, injustificadas deu men punt de vista.
Per exemple, Pèir Bèc que preten har escríver a Camelat:
(canta 1 v. 460) "Cercatz se vedètz a lusir..."
Aquesta transcripcion n'ei pas acceptabla pr'amor en gascon de Camelat, "vedètz" n'ei pas sonque la fòrma 5au persona deu preterit de l'indicatiu deu vèrbe "vedar" e ne's pòt pas substituír a "vedetz" deu present de l'indicatiu deu vèrbe "véder'. La frasa de Camelat qu'ei plan "Cercatz se vedetz a lusir...".

Aqueste exemple de "correccion" inacceptabla n'ei pas isolat, que'n trobam un hèish d'auts:
(canta 1 v. 491) Se gai l'avètz no'vs càdia lo denon
(canta2  v 193) Oc (sic), que'n pugi, sabètz
(canta 2 v. 196) Sus setanta nau ans que mingi crostas, tiètz
etc, etc.

Totun dab "ça-vietz" , Bèc que s'oblidè de (mau)corregir l'accentuacion. Tant de bon!!!


Segur que "podètz", "avètz" que son  fòrmas mei occitanas quan podetz, avetz e son fòrmas mei gasconas. Totun, pas sonque aquestas darrèras fòrmas que son las emplegadas per Camelat. Que son plan normaus, que corresponen plan a la conjugason deu gascon normat segon Bianchi et al.  N'an pas a estar corregidas peu transcriptor, en nat cas. Aprofitar de la transcripcion entà "corregir"  l'òbra poetica qu'ei ua impostura inacceptabla. Las errors de Bèc qu'èran d'aulhors tan nombrosas que las edicions Reclams decidín d'encargar  l'Eric Gonzales d'ac tornar repréner tot entà ua edicion navèra, çò qui l'escrivan bearnés, acostumat a l'òbra e l'estile de Camelat, e hasó dab lo talent qui'u coneishem. Alavetz, dab la transcripcion de l'Eric, pas mei de "Joan", "adiu-siatz" senon plan Jan, adishatz etc  e las fòrmas verbaus corrèctas qu'estón restauradas: vedetz, avetz, sabetz, tietz com ac preved lo tèxte de Camelat. Totun, que m'auré agradat de véder figurada la version originau de Camelat (en grafia de l'autor) e non pas sonque la transcripcion en grafia alibertina, que tròbi aquò tostemps utile en poesia pr'amor , com ac podetz véder, las transcripcions ne son pas tostemps hidablas e jo que m'estimi mei de léger la version originau, la de l'autor, per criticabla o imperfèita que'n posca semblar. Que m'estimi mei lo gost a çò d'autentic, que non lo a las còpias supausadament melhoradas. Qu'ei vertat la transcripcion que pòt ajudar a la compreneson, totun la cau pas substituí-s a la version grafica originau, la de l'autor, deu men punt de vista. Ajustar-la, d'acòrd, totun shens remplaçar-la.

diumenge, 18 d’agost del 2019

Impostura lingüistica e Bernat Manciet.

En tornar léger la trilogia mancietina, non poish pas deishar de pensar qu'avem ahar aquiu dab ua impostura linguistica. Que'm refereishi a la fòrma grafica o mei precisament a l'ortografia deu tèxte.  Totun ne sèi pas si serà sonque ua transcripcion impausada fautiva o shens qu'aquerò, ua volentat deliberada de l'autor. Que seré plan de poder léger los manuscrits de l'autor, de s'avisar quin ac arreglava tot.  Que supausi lo son tèxte qu'estó corregit, "transpausat"o "transcrit", o m'engani? Que seré plan qu'aquesta trilogia estosse reeditada en ua version dab ua ortografia mei respectuosa de la lenga maritima, particularament (totun shens que) per çò qui tanh a l'accentuacion de las fòrmas verbaus. La grafia emplegada aquiu qu'escarraunha au còp la lenga de l'autor e las aurelhas deu lector, ce dic jo. Vertat la mòda de l'epòca qu'èra de voler "occitanizà'c" tot a tot hòrt au despens de l'autenticitat de la lenga. Qu'èra com hòrt vergonhós d'escríver, pausats per cas, "vòlem", "entínem"  o "dídem" o  quitament càntitz  transformat a còps en un "cantitz" impossible o extraterrèstre, pr'amor aqueras fòrmas ne cabèn pas pro au motle supausat de l'occitan. Que no'm vengatz pas a díser aquestas correccions impausadas b'èran entà facilitar l'intercompreneson! Que non, dídem n'ei pas mensh comprensible que didem, ja vedetz plan que non. Las correccions aquestas n'i èran pas sonque entà sajar de har lo tèxte mei "occitan" o sia, mei presentable d'un punt de vista occitanista.  E aquiu que i ei plan, l'impostura lingüistica, shens nat dobte l'illustracion d'ua vergonha lamentablament tipica d'ua epòca urosament acabada.

dilluns, 12 d’agost del 2019

Un African mestissat.

En "occitan" deu Jornalet, un African mestissat que's ditz...un african ibrida (sic). A cadun lo son "condrechador" (corrector, qué), fin finala.

dimecres, 7 d’agost del 2019

Amor, amor!

 Amour! Que s'a afirmat lo mot francés "amour" qu'ei un prèst de l'occitan. Aquesta credença, dautescòps hòrt espandida peu mitan occitanista,  n'ei pas fondada. En efèit, la fòrma deu mot en occitan medievau qu'èra plan "amor" en conformitat dab lo mot en latin mentre l'atestacion mei anciana deu mot en romanç d'oil n'ac estó pas devath la fòrma "amor"  se non precisament "amur"(Juraments d'Estrasborg, 842). Las originas deu mot "amour" que poderén remontar tà la fòrma "amur" en òil. De fèit, la fòrma modèrna deu mot "amour" qu'èra dejà atestada en tèxtes juridics medievaus (debut deu sègle 13: "terre en amour" cf.  CNRTL),  quan la fòrma en poetica b'èra enqüèra "amor", un arcaïsme grafic en lenga d'oil, demorada a la mòda possiblament per influéncia de la scripta deus trobadors o mei probablament per pression deu latin eclesiastic.  Lo mot de lenga d'òil "amour" que derivè mei probablament de la fòrma d'òil "amur" ja atestada  au sègle 9, que non de la fòrma occitana "amor" deu sègle 12. De la medisha manèira, que podem remarcar la lenga d'òil anciana que balançava enter las fòrmas "por" e "pur" (derivadas deu "pro" latin), deus quaus ei gessida la fòrma "pour" tau com la coneishem uei lo dia. Aquesta manèira de prononciar lo mot "pour" en francés  non deu pas arren au gascon ni a l'occitan, de segur. Egau entau mot amour.

Que'm diseràn totòm n'ei pas d'acòrd sus la classificacion o la natura deu romanç emplegat en aqueths "Juraments". N'i a qui disen que los juraments e son redigits en occitan pr'amor los mots emplegats que i soan mei occitans non pas francés. Los qui pensan atau que s'enganan sus la conclusion. Lo tèxte aqueste non pòt estar considerat com a occitan per mei d'ua rason. Que'n mentaverèi sonque duas, enqüèra que n'i a d'autas mei. L'emplec sistematic deus pronoms subjèctes, notader en aquestes juraments, qu'ei un tret influenciat peu francic e qu'ei tipic de la lenga d'òil. L'occitan n'ac hè pas atau. A mèi, au mot latin "causa", conservat atau en gascon e en occitan, que correspon en romanç deus Juraments lo mot "cosa", dab reduccion de la diftong. Aquesta evolucion fonetica qu'ei tipica de la lenga d'òil , non la trobam pas en lenga d'òc (chose en francés, causa en gascon e occitan). Dongas, lo tèxte deus Juraments qu'ei plan redigit en lenga d'òil e se los mots soan d'òc qu'ei simplament pr'amor l'òil de l'epòca, arcaïc, que s'assemblava mei a l'occitan o au gascon non pas l'òil d'uei.

La fòrma "amour" que vadó probablament locaument au domeni d'òil e que's degó difusir deu nòrd-est cap  a l'oèst e au sud  enlà dinc a generalizà's en òil , en arpitan e en occitan. En dialèctes d'òil, "amour" que remplacè la fòrma populara,  mei regulara foneticament, "ameur" mentre qu'en gascon amou que i remplaçè la fòrma "amo(r)". Que sabem en gascon la prononciacion de l'o tonica en /u/ qu'ei ua mòda qui triguè hòrt de temps entà generalizà's. En catalan contemporanèu, aquesta mòda n'afecta pas sonque la varietat mei septentrionau d'aquesta lenga shens a penas passar  la  frontièra ispanofrancesa. La nòrma barcelonesa que n'estanquè l'espandiment mes enlà. Quant au gascon, la scripta biarnesa de Saleta (dusau mieitat deu sègle 16)  puish la de Fondeville (sègle 17) qu' amuishan la prononciacion  /u/ entà la o tancada tonica n'èra pas enqüèra generau en gascon meridionau per aqueras epòcas mentre qu'ac èra dejà en gascon septentrionau se'n credem la scipta deus poètas gascons barròcs. Que podem notar ua progression deu procès de tancament de /o/ cap a /u/ dependenta au còp de la cronologia e de la latitud.
Pausat com a exemple, Salette qu'escrigó au sègle 16: "los omis hon touts sauvats" Notatz la grafia "touts" versus "los" e "hon".  Los mots "los" e "hon" que guardavan lo son o /o/ au contra de "tots" grafiat clarament "touts".
Dab Fondeville au sègle 17 la frasa que vad: "lous omis hon touts sauvats" Notatz: "lous" a mei de touts, mes enqüèra "hon". Que podem notar lo procès de tancament /o/ cap a /u/ qu'ei a evoluar, a generalizà's, totun aquesta evolucion n'èra pas acabada en biarnés a l'epòca de Fondeville.
Uei lo dia que seré: lous omis qu'estoun (que houn) touts sauvats. (ved. lo tèxte de Y. Lafitte publicat peu CNRS).
Lo nadalet en  gascon de Frade, escriut en gràfia derivada de la catalana e conservat aus archius de la bibliotèca de la vila de Ripoll,  que'nse suggereish qu'en coseranés deu sègle 17 las duas prononciacions /o/ e /u/ que i coexistivan a la posicion tonica. Com la deus autors de psaumes biarnés, aquesta gràfia que permet ua distincion clara enter /o/ e /u/. Que i trobam, per exemple "sol", "nos" de l'un costat e tut (= tot en grafia alibertina e tout en grafia IBG),  ju (= jo e jou) de l'aute. D'acòrd, ua imprecision o error lingüistica de Frade, qui vivè a Manresa en Catalonha, n'ei pas descartadera aquiu. En tot cas, la grafia biarnesa de l'epòca que ns'indica clarament lo procès de l'evolution fonetica de  /o/ cap a /u/ a la posicion tonica n'i èra pas acabada au sud deu domeni gascon. Au nòrd, per contra, que n'i èra dejà.

La prononciacion mei anciana deu mot "amor" en gascon e en catalan qu'èra probablament /ə'mo/,  que la trobam conservada  atau en catalan balear enqüèra uei lo dia mentre qu'ei vaduda /a'mu/ en gascon occidentau contemporanèu. Que s'està la possibilitat de que los trobadors prononcièssen amor /a'mo/   en conformitat dab la  lor grafia e la r finau muda com "amor" en gascon, e com n'ei en occitan la r finau de senhor, flor, color etc.... Uei lo dia la r finau deu mot occitan amour qu'ei vaduda sensibla... com  "amour" en francés.  La comparason dab senhor, flor, color etc que ns'indica aquesta faiçon de prononciar lo mot "amor"  n'ei pas naturau en occitan.




dijous, 1 d’agost del 2019

Sirgar, un mot gascon, catalan e ibero-romanic adoptat en breton de la region de Morlaix ("sirga" en breton).

Uei que m'interèssi a ua auta familha gasconissima de mots: la "shirga" (var. "sirga") e "shirgar" (var. sirgar). Lo vèrbe "sirgar" qu'ei comun au gascon e a totas las lengas romanicas de la peninsula iberica, enqüèra que la significacion originau deu mot s'ei quasi perduda en la lenga nosta mentre qu'ei conservada en espanhòu, portugués e catalan. Lo vèrbe "sirgar" (var. gascona "shirgar") qu'ei un mot deu registre nautic a l'origina. Que significa halar, tirar ua barca, ua galupa etc dab l'ajuda de còrdas - las shirgas- tiradas per bèstias o per gents. Deu costat de Baiona, lo camin de "Chirgue" qu'ei un camin ancian de halatge. Las galupas tradicionaus qu'èran equipadas d'ua soleta pua dita "de shirga" (en fr. regionau: mât de chirgue) on s'i estacava la shirga qui serviva a la traccion de la barca despuish l'arriba. Lo mot "shirgar" qu'ei grafiat "chirguar" au diccionari de PN. Aquesta grafia dab "ch" n'ei pas aconselhabla per duas rasons: 1- la prononciacion de la consonanta iniciau qu'ei plan la de sh e non ch  2- shirgar n'ei pas sonque ua varianta de sirgar. Aquesta darrèra  fòrma qu'ei enqüèra emplegada locaument en gascon, qu'ei probablament mei anciana, qu'ei la soleta repertoriada en lengadocian (v. "sirgar" au dic. Ubaud).  Autament dit, shirgar qu'ei ua varianta fonetica especificament gascona de sirgar.

L'etimologia deu mot "sirga" qu'ei enigmatica. Ua ipotèsi possibla que'u hè derivar deu mot latin "sĕrica" qui significa literaument "hèita de seda" (vediatz "sirga" au Gran Diccionari de la Llenga Catalana). En latin classic lo mot sĕrica que designava ròpas de seda mès, segon la dita ipotèsi, en romanç lo mot que's prengó  la significacion de còrda de halar pr'amor aquestas còrdas qu'èran hèitas de seda. Qu'ei tanben possible que i  agosse un influx semantic d'un aute mot latin  - aqueste d'origina grèca:  "cĕruchi" (var. cĕruci) qui designa còrdas  deu sistèma velar de las barcas. Que i pogó aver confusion enter los dus etimons, serica e ceruchi (ch = qu/k) (vediatz l'article de Yann Riou "Autour du mot cirguer" in Histoire Maritime de Bretagne-Nord, Avril 2018).

Lo noste mot qu'a viatjat de manèira interessanta, en tot har lo camin invèrse deu mot breton morc'hast - morc'hach (qui significa raquin, lit. canha de mar)  passat en gallò marache (s.f.), puish gascon maritime marraisha (le marrache en gràfia IBG, s.f.),  en esp. marrajo (s.m.), port. marracho, cat. marraix (s.m.). En efèit, qu'arretrobam lo noste vèrbe "sirga"r locaument en...breton, mei precisament au de la region de Morlaix. Acerà, lo shirgar (halar, tirar) qu'èra lo metòde tradicionau entà màver las gabarras a contra-corrent. En breton locau de la region de Morlaix, shirgar que s'i ditz... sirga (sic, atestat en 1870). L''abséncia de 'r' finau n'apuntarà pas cap a un prèst deu catalan o deu gascon  (sirgà) meilèu que non de l'espanhòu? Pas necessàriament, ce'm pensi, pr'amor "-a" qu'ei ua terminason acceptabla entà un infinitu  en breton, mentre "-ar" no'n ei pas, lavetz ua adaptacion que's hè hrèita quant a la terminason (com per l'accent tonic, d'aulhors).  En tot cas, la 'r' que s'arretròba aus derivats bretons qui significan halatge ("halaj" en breton estandard)  e còrda de halar: respèctivament "sirgarez" e "sirgherez" en breton de Morlaix. Los mots que son estats manlhevats autanplan en francés regionau de la Bretanha deu Nòrd: cirgue, cirgage e cirguer.  B'ei possible que lo mot estosse aportat peus joens migrants bretons tornats tà casa d'Espanha o de Gasconha on s'i devèvan har de shirgaires entà subervive'i.  En tot cas, lo mot no's tròba pas sonque en breton locau, shens nat cognat en las autas modalitats bretonas ni celticas, segon çò qui ns'ensenha Yann Riou cf.  "Autour du mot cirguer" in Histoire Maritime de Bretagne-Nord, Avril 2018.

Shirgaires de Sent Brieuc. Tirat de l'article citat de Y. Riou. 
L'activitat de tira-saja (sinonime d'halatge) qu'a desapareishut de la vita vitanta de tot dia. Totun, lo quite mot  "shirgar" o "sirgar" qu'ei demorat au lexic gascon en tot gahà's significacions de las mei generaus. Que  consèrvan lo concèpte de tirar o lo de penós, d'esreadèr, tots dus  eretats de la significacion originau.  Per contra, la significacion deu mot que's desliguè totaument deu registre nautic sauv deu costat de Baish Ador. Segon Palay, las significacions de "chirgà" que son : 1- piocher,  tirer à soi pour extirper à soi herbes et racines 2- travailler à un labeur pénible 3- par anal. peiner, faire effort, travailler dur. 4- (En bas-Adour): action de ramer.

Aparentat au còp a tirar e a shirgar, au paréisher un ibride enter los dus,  qu'ei "shirar" qui s'aplica sustot aus peus deu cap  (ved. chirà en Palay ).

Lo mot sirgar que difusí dinc au lengadocian on s'i gahè ua significacion distinta, la de "bolegar", d'amanejà's (TdF) shens tròp d'arrepòrt dab la significacion originau deu mot, totun probablament derivada de la significacion 3 descriuta per Palay.

En gascon de la còsta, lo mot "shirga" que designa tanben, de manèira pro generica, molluscs bivalves com muscles e coscolhas de tot tipe. L'influx semantic aquiu que vien d'un aute mot gascon de Baish-Ador e de las Lanas, foneticament pròishe de "shirga", concrètament "shirla".  Que designa las coscolhas, en particular las de plaja autanplan aperadas laganhons (ved. Dic. Foix, lo mot qu'ei desconegut en Palay). Lo mot qu'ei emplegat en francés regionau de las Lanas "chirle", qu'ei emplegat en francés tà designar las coscolhas de sable deu genre Donax. L'etimon qu'ei distint.  Lo mot shirla qu'ei shens que gascon, qu'ei autanplan espanhòu e basco (esp. "chirla": mollusc bivalve Chamaelea gallina; eusk. txirla, = gasc. muscle, coscolha, shirla).). Segon lo DRAE, lo mot espanhòu qu'ei un prèst deu basco. Totun, l'existéncia deu mot en gascon qu'ei ignorat peus linguistas espanhòus. N'ei pas impossible que la fòrma espanhola "chirla"  derive deu gascon "shirla", de fèit. En gascon, qu'ei plan shirla et non chirla.  Lo sh n'existeish pas en espanhòu e l'adaptacion de sh en ch qu'ei quauquarren plan regular en aquesta lenga. Lo mot basco que poiré estar  manlhevat deu castelhan, d'aquiu lo tx iniciau deu mot en basco. En supòrt tà l'ipotèsi d'ua origina gascona deu mot, que'm sembla lo mot txirla qu'ei autant d' isolat en basco com  n'ei chirla en castelhan mentre "shirla" no'n ei dilhèu pas en gascon. Que i tornarèi un còp vienent.