divendres, 2 de juny del 2023

Proto-celtique *wodwo, v. *wo-dăl : diviser; couper, séparer: gasc.bosolar (limiter, borner), bosòla (borne); bòhia (borne) * wodwā (fr. taupe): , boh-a -on etc (taupe), bohilhar, bosilhar, bodigar (fouir, fouiller), bosic , bodic (lombric), boïc, bohic, bohiga (friche) .

 

*Wodwo -> "cutting" (Matasovič). Le mot en v. irlandais =fodb < *wodwo)  est glosé "divisione" (cf. Matasovič Et.Dic.Proto-Celt). . 


Ùn mot proto-celtique  *wodwā, dont l'étymon, apparenté ou non au  précédent, signifie taupe (Matasovič  E.D.P.C). On verra que, dans nos langues, il porte le concept de "creuser", "fouir".


Cet étymon celtique "wodw -o/a" qui signifierait  "séparer", "diviser" "répartir",  latinisé en *bodua   est un très bon candidat pour être à l'origine de mots romans signifiant borne, limite, en particulier le mot gascon bohio (d'Astros) (bòhia < bodua) qui signifie borne, occitan boïna, boèina (< bouina <*bodu'ina) qui a cette même signification.   Le celtic lexicon admet le verbe *wo-dăl avec le sens putatif de "séparer". *Wodwo et wo-dăl pourraient renvoyer au même étymon; cf. le verbe occitan (et gascon à la marge): bosolar (<*bodolare <*wo-dăl ) : borner, limiter, bosòla : borne, limite..


La séquence étymologique pour le gascon "bòhia" (bohio selon d'Astros) suppose  *bodua ->  *bòua, *bòia (3 syllabes) -> bòhia ,  Ici , comme dans la série suivante, le h du mot gascon est épenthétique, il sert à éviter le hiatus et la diphtongaison , c'est le h de lahens (< la-ens), d'où hens,  tahuc (< taüc), sahuc (< saüc), trohat var. tròt (<tronatu), truha  (pas la truffe ni la patate, l'alcove où l'on range les outils, aussi  le pare-feu de la-cheminée  )<trua < truna< tribuna), gahus, guèhus (< gauus < cauus), bohic (<boïc >*bodicu-) etc, etc. Il y aussi le mot aragonais buega et le catalan oriental bòga (borne, limite) que l'on a rapprochés du mot basque "muga" dont ces mots romans dériveraient. Le vocalisme tonique /ɔ/ du mot catalan bòga, confirmé par la version aragonaise du mot (bue-), ne plaide pas pour cette dérivation, en dépit des spéculations des meilleurs auteurs. En revanche, une dérivation à partir de notre étymon celtique est très possible. *Bodua> *bò(u)a >bòga, buèga. Cette dérivation est triviale


Revenons à "muga". Le gascon présente deux formes de ce même mot: mua /'myə/ /'myɔ/ et muga /'myɣə-/, alors que les autres langues (aragonais, catalan occidental, castillan, asturien oriental , cantabre et basque) n'ont que muga /'muɣa-/ / . Il est donc possible (probable) que la formation du mot soit (proto)-gasconne et que le mot ait voyagé sous la forme "muga" depuis le gascon dans les autres langues.  L'étymon est possiblement ce même "*wodwa" dont la version latine serait *bodua. La perte du d intervocalique du mot latin a créé un iatus (un deuxième, en réalité).  La résolution de ce genre de iatus, en gascon, peut se faire d'un grand nombre de manières aboutissant à des solutions phonétiques divergentes. Une collusion des deux voyelles peut aboutir à une voyelle simple de valeur parfois différente de chacune des deux premières, avec perte d'une syllabe ex. tronat(u) > troat > tròt. En revanche, l' ajout d'une consonne intercalaire permettant de garder les syllabes  intactes troat > trohat. Comme consonnes intercalaires,  le gascon utilise h, g et b (flaüta> flahuta, flabuta, flaguta, la-ens > lahens, laguens etc) . Ici, boua a abouti à la simplification  bua /'bua/  avec ou non le g intercalant. La consonne initiale est passée à m, mua, muga, une mutation assez triviale qu'on retrouve dans le doublon bosilhar - mosilhar (< *bodiculare, fouir;  étymon *wodwa : taupe). Je précise ici  que "muga" (au contraire de bòga) ne fait pas partie du lexique catalan et que le nom de la rivière empourdanaise  "Muga" n'a rien à voir avec notre étymon, son nom ancien était Sambuca, d'où Sa Muga (= la Muga).   



*Wodwā (taupe) (Matasovic, Etym. Dic. of Proto-Celtic). La caractéristique de la taupe est bien de creuser, de fouir (gasc. bohilhar, bosilhar), ce n'est pas du tout un animal souffleur.  Plutôt que de faire dériver le mot boha, bohon, bohet (taupe), de buffare (souffler, gascon bohar), on doit plutôt le rapprocher des  verbes occitans (au sens large) qui signifient fouir:  bodigar (< *bodicare); bosilhar var. bohilhar (< *bodiculare); cf. aussi  bodic var. bosic (lombric), probablement aussi boïc, bohic, bohiga, boïga (en catalan), bosiga, bodiga  (terre à défricher,  à "fouir" (<bodicu, bodica).  Le mot gascon boha (taupe) pourrait représenter la forme non 

affixée *bo(d)a.  L'h est  épenthétique, le même que dans bohic, bohiga. Cet étymon latin *boda serait en fait une adaptation de notre  mot celtique: wodwā (taupe < fouisseuse), peut-être du même étymon que le précédent.

Donc *wodwā -> bodua (3 syllabes)  ou bouda (id.) et par affixation ) -> bodicu, bodica (résolution du hiatus par perte d'une voyelle, donc d'une syllabe) >  bosic, boïc, bohic etc. Coromines a proposé que le mot catalan bosiga var. boïga (friche, "artigue", en gascon bohiga ou boïc) dérive du mot celtique boudica qui signifie victorieuse. Celà n'est guère raisonnable sémantiquement. 

   En proto-celtique, wodwā est le mot pour dire taupe. Le w initial celtique est régulièrement adapté comme b en latin, cf. *wroyka (bruyère)-> broca, bruca -> bruc, broc, bròc (bruyère). Egalement uranka (emprunt gaulois, probablement à une langue balte)-> lat. branca (branche) etc. Ici, wodwā -> bodua ou bouda -> boua (perte de la consonne intervocalique entrainant deux hiatus) -> boha (résolution des deux hiatus: le premier par délétion d'une voyelle, donc perte d'une syllabe, le second par l'ajout de h, cf. bohic, bohiga.  Voir aussi boarut, boharòc et boharòu : creux, vide. Il y a confusion d'étymon entre wodw- bod- V- (séparer, creuser, fouir) et buffare (souffler) cf. bohèc, bohet, oc. bufet (< buf-).