Lo plaser de perpensar e d'escríver en lenga gascona. Aquiu qu'avetz lo men caièr aubrit.
dilluns, 20 de maig del 2024
Lo sufixe celtic -ākos e las soas prolongacions en gascon.
dijous, 15 de febrer del 2024
Des traces du gascon dans la formation de l'espagnol ?
J'ai déjà exprimé mon étonnement devant l'idée que le gascon puisse avoir arrété sa progression de long de la côte cantabrique à Saint Sébastien. En effet, il n'y a pas de Garonne pour empêcher son expansion vers l'ouest le long de la côte nord espagnole. On a dit que le gascon avait été apporté à Saint Sébastien par une colonisation au 12eme siècle. Qu'il y ait eu apport d'immigrants, ça, on le sait. Mais rien ne dit qu'ils étaient gascons ni que cet apport ait été nécessaire pour y apporter le gascon. Et j'en doute. D'autant que les noms médiévaux repérés comme "gascons" par notre archiviste donostiarrak Serapio Múgica ne le sont pas vraiment. (de) Beurepaire, (de) Paeget, (de) Manx, sont des noms étrangers, certes, mais certainement pas gascons, contrairement à ce que pensait don Serapio qui n'était pas linguiste et ignorait tout du gascon. Beaurepaire, (Le) Mans, (Le) Péaget, ces toponymes sont bien français mais n'ont évidemment rien de gascon. Que ce soient les ancêtres de ces gents de Saint Sébastien qui y aient apportés le gascon est exclu. Dans tous les noms constituant l'onomastique de Saint Sébastien repérée comme gasconne par Múgica , un seul peut se prétendre candidat: de la Mayson. Ce n'est pas franchement très convaincant. On peut alors supposer que le gascon y était indigène et je pense qu'il l'était bien, d'une certaine manière.
Car on y lit des choses intéressantes dans le fascicule de Serapio Múgica intitulé Los Gascones en Guipúzcoa. Par exemple, cette anecdote: des Hendayais ont voulu se faire construire une tour-palais sur la rive de la Bidassoa, on est en 1518. c'était la mode à l'époque, ce qui avait pour effet d'entrainer des rivalités voire des conflits meurtriers entre familles rivales, à savoir qui l'avait la plus monumentale ou la plus belle, on en connait des exemples très célèbres dans notre région, je pense en particulier aux Velasco et aux Salazar dans la vallée du Mena, à une petite cinquantaine de km de Bilbao dans le piémont cantabrique versant atlantique. La tour-palais hendayaise n'était pas du du genre pour plaire à ceux de Fontarrabie qui ont voulu la détruire à coup de canons. Plaintes, jugement avec des représentants des deux pays. En quelle langue,ont-ils échangé, croyez-vous ? En basque? en espagnol? en français? Mais non. Les Hendayais qui peuvent se construire des Tours-Palais sur la rive de la Bidassoa sont de la noblesse et la langue de la noblesse basque, au nord, à toujours été le gascon autant qu'on puisse remonter le temps. Leurs noms de famille sont à cent pour cent basques car ils sont basques et non gascons et le lieu de leur "Ostau" (maison en gascon, casa solariega ou casa solar en espagnol) est un toponyme basque. Leur nom de famille est le nom de "l'Oustau" : Johan de Odornoz, Per(o) de Bessassari, Marticòt de Agorreta, ce sont eux, les "Gascons". Ils parlent gascon mais sont basques. Les représentants des deux Etats ont autorisés que le procès se fasse entièrement en gascon et que le compte-rendu s'y fasse dans cette langue, constatant qu'elle était commune et la seule correctement pratiquée par les deux parties. L'État français était représenté par le premier conseiller du parlement de Bordeaux, que le procès se fasse en gascon devait bien l'arranger. Pour le représentant de l'État espagnol, c'est moins sûr, il s'appelait d'Acosta (sic), un galicien sans doute. Le procès et les actes se sont faits entièrement en gascon. Hélas le document original a disparu dans un incendie à Fontarrabie. Mais on en a tout de même une version conservée dans un autre fond, la traduction espagnole du jugement accompagnée des témoignages en gascon des deux parties, qui, elles, n'ont pas été traduites. Mais revenons à notre sujet.
On considère que le castillan s'est formé du côté méditerranéen de la cordillère cantabrique, en Cantabrie elle-même et dans la région castillane proche de cette dernière. On est à 150 km de Portus Victoriae Iuliobrigensium (aujourd'hui Santander) et surtout de l'autre côté de la cordillère . Et de surcroit, la formation de l'espagnol est relativement tardive. On ne voit pas bien alors ce qui aurait pu freiner le gascon (déjà formé en 600) dans sa progression vers le sud de l'Aquitaine puis vers l'ouest sur la côte cantabrique, jusqu'à la rencontre avec l'astur-léonais qui , lui, progressait vers l'est. Il ne s'agit pas là forcément d'une langue rurale au début, surtout au Pays Basque, bien sûr, mais au moins d'un roman parlé dans les ports, commme autrefois à Saint Sébastien, Ciboure et Saint Jean-de-Luz, car le roman est nécessaire pour le commerce. On ne commerce pas aisément avec les voisins Cantabres, Asturiens, Galiciens, Gascons, voire Saintonjeais, Poitevins et Bretons en ne parlant que basque. Le roman procure là un avantage économique et c'est un motif suffisant pour changer de langue après une phase de bilingüisme. Il suffit de quelques générations, très peu, en fait. Et que ce roman portuaire soit relativement unifié au Pays Basque espagnol par rapport à celui de France me semble normal, C'est le contraire qui eut été une anomalie: c'était les même gens et il n'y avait pas de frontière. Et je dirai même, pas seulement au Pays Basque, jusqu'en Cantabrie. Il ne m'a pas échappé qu'à Santander débouche le rio "Pas" (et non Paso) et que pour dire nous sommes, vous êtes, les parlers de Cantabrie (et ceux d'Extramadure qui en sont issus par la Reconquista) disent "semos, seis" quand l'asturien et le castillan disent "somos, sois". Se pourrait-il qu'on ait là une trace de cet occitano-roman que l'espagnol, pourtant très soucieux du "bien parler" et de correction, voire d'hyper-correction, n'a pas jugé bon d'effacer ? Ou il n'y est simplement pas arrivé.
En Biscaye, le toponyme Balmaseda, dans les Encartaciones, à 30 km de Bilbao, ne s'explique pas vraiment par le castillan. Si le premier élément est roman (Bal), le deuxième doit l'être aussi, selon toute vraisemblance. Le gascon nous suggère maseda, tranquille (mase-t, -da <mansuetus-a) mais si ça va pour un animal ou une personne , pour une vallée, c'est plutôt étrange et finalement pas très crédible. Ah mais attention! En espagnol c'est Valmaceda avec une "ceta". Maceda: alors on peut y voir un cognat du portugais macedo: pommeraie. Maceda est aussi une ville en Galice, ce sont les cognat des toponymes catalans Maçanet, Maçaneda, ce dernier également occitan: Massanède en toponymie officielle. Manzaneda en castillan (très commun en Cantabrie). Le mot espagnol manzana pour pomme se disait autrefois maçana comme en oc. et en cat. (latin martiana). Il y aurait donc bien eu perte du n intervocalique dans le toponyme biscayen, on aboutit justement à la même solution que le galaïco-portugais, c'est logique . On rentre alors parfaitement dans la phonétique du gascon. On me dit que maceda pourrait être basque, mahatsieta, lieu de vignoble. Mais le mot, ici, fait bien partie d'un syntagme. Il se réfère à Bal/Val et là on est dans le roman, un syntagme romano-basque, c'est suspect. Je ne crois pas à cette solution pour cette raison. Remarquons qu'un ruisseau à Guétary s'appelle Baldareta. Ça m'a l'air d'être le même roman: Val d'Areta. C'est le même Bal. Mais là, il est suivi effectivement par un mot basque mais précédé de "de", exactement comme dans Val d'Aran. On n'est pas dans le même cas avec Valmaceda. Ce dernier toponyme doit résulter d'une perte d'un "n" intervocalique (Valmaçaneda > Valmaceda), ce qui révelerait une couche toponymique romane pré-castillane, du type gascon ou apparenté. Ce n'est pas du tout absurde et c'est ce qu'il faut chercher à éprouver.
Une sorte de gascon ne peut-il pas aussi faire le lien entre le mot castillan becerra et le latin vitella? La première personne du verbe ser en espagnol: soy, ne pourrait-elle pas être aussi un héritage du gascon ? On ne voit pas bien la relation entre le latin sum et l'espagnol soy, sauf si sum >son > soy et cette mutation n final >y est bien caractéristique du gascon côtier. Comparons ben > bei (bey) en gascon côtier avec ben > bién en castillan. On aurait avec "soy" un gasconisme fondamental en espagnol et aussi en occitan occidental. L'occitan a siau et son, soi semble bien être un gasconisme en occitan . Le français disait sui, peut-être par analogie avec fui qui est est la forme du passé, mais dans le cas de sui, la prononciation n'est pas diphtonguée, notre "suis" en dérive. Le portugais dit sou, il aurait perdu le n, c'est assez normal, et ce "ou" est-ce une diphtongue? Ce n'est pas sûr cf. louco (<loco < loca < clocca). . A part le roussillonais qui a conservé som prononcé [sun] et aussi en baléare : som, le catalan standard a rajouté à so ce -c sans doute par analogie avec tinc ou tenc (tenir), vinc o venc (venir) (c'est la finale normale des verbes dans des parlers septentrionaux de transition du catalan du côté de Besalú cantoc = je chante). Le cantabre dit bien soy. L'asturien hésite entre so (la forme portugaise) et soy (la forme espagnole). L'asturien oriental, appelé aussi cantabre occidental, lui, ne semble pas vouloir prendre partie. Il dit... "ero" (je suis). La forme "soy" en espagnol est très étonnante à moins qu'il y ait du gascon dans l'air comme pour Valmaceda.. Et bien sûr, une trace importantissime du gascon en castillan serait le traitement du f latin qu'on retrouve en cantabre (qu'on admet généralement ne pas être de substrat basque, lui, mais indo-européen si non celtique) et seulement dans ces deux-là dans la péninisule. En première analyse, le traitement du "f" latin a l'air distinct en espagnol par rapport au gascon. Mais quand on fouille un peu, le constat change: le traitement était exactement le même en espagnol populaire qu'en gascon, c'est à cette conclusion qu'est arrivé Frank Jodl qui a étudié l'affaire de près : Estigma y auge de prestigio: El cambio f > h en castellano y gascón visto desde la sociolingüística histórica y la lingüística variacional Revista de Filología Románica (2015) 32-1 21-40. La possibilité d'une forme de gascon de la còte cantabrique qui aurait été un substrat du castillan avant le 8ème siecle pour être finalement remplacé par le castillan est une question qui mérite qu'on s'y intéresse, à mon avis, car elle est assez logique. L'aire f/h du gascon et du castillan sont en continuité par le versant atlantique de la cordillère cantabrique. Le gascon étant une langue pratiquée au Pays Basque nord, pourquoi ne l'aurait-elle pas été au Pays Basque sud? Pourquoi et par quoi aurait-elle été arrétée à part le castillan? Le basque n'est pas incompatible avec le roman, le gascon a cohabité avec le basque pendant au moins sept siècles au Guipuscoa et au Pays Basque du nord, en admettant que le gascon n'y soit pas dérivé du latin sur place comme ailleurs en Gascogne, ce qu'il est impossible de prouver ni dans un sens, ni dans l'autre. C'était les mêmes gens de chaque côté de la Bidassoa, on voit mal un roman distinct pour les uns et pour les autres, du moins avant la "descente" du castillan arrivé de l'autre côté de la cordillère et avant l'établissement des Etats médiévaux. Une analyse toponymique attentive devrait être effectuée en Cantabrie et au Pays Basque. Le castillan a l'habitude de corriger les toponymes de manière systématique, on le voit avec les toponymes basques d'origine latine, les versions espagnoles sont systématiquement corrigées par rapport aux versions basques. Mais il pourrait arriver qu'il y ait des oublis, par exemple le mot juen (font-) fait bien partie de la toponymie cantabre en composition (notez qu'on le trouve aussi dans la toponymie alto-aragonaise de Huesca alors que l'aragonais conserve le -f- en toute position, juen est donc bien là-bas un vieux gasconisme probable hont > juen, le castillan a fuen, pas juen) alors que le castillan dit fuente (mais fuen en composition toponymique, l'hypothèse d'un gasconisme n'a jamais été évoquée dans ce cas mais il faudrait le faire et l'éprouver), voilà ce genre d'indices qu'il faut recolter et assembler et analyser car "juen" est évidement compatible avec un plus ancien "hont". "Maceda" en est un autre exemple. La recherche de la perte du n est un bon indice. Il peut aussi arriver qu'il y ait des mauvaises corrections, c'est ce qu'il faut rechercher. La toponymie donnera des réponses.
PS. Notez les formes verbales en vieux castillan coñoçuda, movudo, (aujourd'hui on dirait conocida, movido), ces terminaisons en -udo, -uda, celà ne vous rappelle rien? (manuscrit de Miranda del Ebro, 1268). Il est vrai que l'apport gascon n'est pas nécessairement ancien, ici. En effet, ils pouvaient faire partie des "francos" "recrutés" pour repeupler la zone, précisemment à cette époque. Il y avait aussi des Basques qui ont laissé d'importantes traces toponymiques près de Miranda, dont on a un exemple ici (Potançuri). On notera aussi que le dit Lop Díaç a un prénom bien gascon. Et gascon, le scribe pouvait l'être aussi. On trouve aussi ces formes en -udo -uda dans des textes médiévaux (XIII) rédigés en asturien assez bancal, supposés traduits du latin ou rédigés par des francos d'origine gasconne ou occitane. Voici le texte de Miranda del Ebro:
Coñoçuda cosa sea a todos los omnes que esta carta vieren cómo, sobre pleito que fue movudo entre Juan Sánchez, escudero de Lop Díaç, por sí e por sos ermanos de la una part, e el concejo de Miranda de la otra part, que demandava Juan Sánchez al concejo sobredicho casas e heredades en Morcuera, que es aldea de Miranda, e molinos e parrales e exidos en Potançuri, e dizieron el concejo de Miranda que lo non avía aver.
Source: https://cuadernos.cilengua.es/index.php/cilengua/article/view/24