diumenge, 25 de setembre del 2022

Acelar ou asselar (mettre à l'abri) , l'hypothèse de l'emprunt du verbe espagnol aselar: mettre à l'abri (étymon celtique: sedlon)

 *Sedlon (siège). Coromines donne ce mot pan-celtique comme étymon du mot cantabre (parler "pasiegu" )  "sel" (s.m.), estive nocturne en altitude protégée autrefois par une palissade circulaire avec à l'intérieur la cabane du berger (d'où le nom), l'exacte équivalent du "cortau" gascon. Pour dire qu'un berger rentre s'abriter dans le sel, on emploie le verbe pronominal aseláse (le verbe est passé en espagnol: aselarse, el pastor se asela). Le verbe s'employait aussi sous forme transitive pour dire qu'on mettait les animaux à l'abri dans cette estive barricadée.  Maintenant que ce type d'estive barricadée a disparu, on réserve le verbe pour les poules: mettre les poules à l'abri des renards et autres prédateurs  (aselar las gallinas). Le verbe (ou un homonyme) existe en gascon selar, asselar: mettre à l'abri (du soleil, du vent), abri se disant sela et assela. Se mettre à l'abri: asselar-se, asselà's.  Les linguistes le confondent -peut-être  à tort- avec le verbe d'origine latine "celar": (re)celer, cacher mais la signification est bien celle du verbe gascon "acessar" (fr. mettre à l'abri, abriter", dérivé verbal d'a(r)cès < latin recessus) et non pas du tout celle de "celar". La "celada" c'est l'action de cacher, l'asselada est l'action d'abriter, asselar = mettre à l'abri du soleil, du vent,  pas nécessairement à l'intérieur d'une pièce.  Il est possible qu'il y ait eu croisement d'acessar x celar et le mot (a)celar ait pris le sens d'acessar par confusion. Ou alors il y a deux mots d'étymons distincts, l'un est le latin cela, celo, l'autre pourrait être  le même que notre mot cantabre aselar qui a fondamentalement le sens de mettre à l'abri. Dans ce cas, l''étymon est le celtique "sedlon" qui signifie siège.  Nous allons examiner de plus près cette deuxième hypothèse. 

En cantabre, "sel" et "aselar" ont des allèles de même sens utilisés dans les parlers des autres vallées. Le mot "sel" est pasiegu (parlers des vallées de Pas-Miera), son allèle "seju" (sejo en graphie officielle castillanisée, le mot est resté comme toponyme) est purriegu (Polaciones) et cabuérnigu (vallée de Cabuérniga). A Polaciones, on dit bien:  asejar las gallinas, selon le président de Cantabrie, M-A. Revilla, locuteur naturel de purriegu ou de ce qu'il en reste. L'étymon sedlon proposé par Coromines permet d'expliquer les deux variants.  On a la séquence: sedlo- > sellu- > seju ou sel selon les vallées. Comme seju, sel dérive de sedlon par un processus tout-à-fait régulier, *sedlo- -> *sellu- --> sel. Dans un cas, le mot garde la voyelle atone (seju), dans l'autre cas, non (sel), ce qui n'est pas très étonnant avec les Pasiegos qui sont de la vallée du Pas  ( < passu-, id. qu'en gascon) et non pas du Paso. Ce résultat "sel" est néanmoins différent de celui qu'on aurait obtenu si la formation avait été gasconne. On aurait eu  *selh, *aselhar. On est alors obligé d'admettre un emprunt. Le mot gascon pourrait être un emprunt pastoral à la langue des pasiegos, grands bergers devant l'éternel.  En échange les cantabres ont reçu gallete (beber a gallete et gallete = gorge, gosier) qui est un mot venu du gascon (galet, béver a galet; galet < canalĭttu-).  Il est probable que la langue castillane ait  servi d'intermédiaire dans les deux cas; les mots "sel" et "aselar" ayant été incorporé dans le lexique de l'espagnol standard, comme "gallete". Néanmoins,  le contact direct entre bergers gascons et bergers pasiegos est plus que vraisemblable, les deux ethnies ayant en commun le besoin de l'émigration pour survivre et la pratique du pastoralisme. Les Gascons pratiquaient cette activité des deux côtés des Pyrénées, espagnol comme français, le pastoralisme étant considéré comme une activité particulièrement  "vile" et indigne  en Espagne, les Gascons remplissaient le vide. Le pastoralisme montagnard est aussi la spécialité et le fondement même de la vie des Pasiegos dans leurs vallées, ce qui leur a valu d'être méprisés et ostracisés par leur voisins cantabres.  Les Pasiegos aussi se louaient là où ils pouvaient, dans toute l'Espagne. 

En conclusion, il est possible que verbe gascon asselar : mettre à l'abri, provienne de l'espagnol aselar: id. et ne doive rien au latin celo, cacher.