Pour bien parler une langue, il ne s’agit pas seulement de bien connaître les mots et la grammaire, il faut aussi respecter les idiotismes. C’est, je crois, ce qui est le plus difficile à acquérir dans une langue étrangère, avec l’orthophonie. Par exemple : vous êtes pris d’une envie pressante, vous vous levez pour aller vider votre vessie. On vous demande où vous allez. Si vous répondez «je vais dans les toilettes» on saura tout de suite que vous êtes étranger. Car la phrase normale est: « je vais aux toilettes ». En revanche, vous allez bien "dans les toilettes" quand vous allez y changer un joint de robinet ou réparer une chasse d’eau. Là, ce n’est pas un problème de lexique ni de grammaire ni même de logique. C’est une affaire idiomatique.
En gascon, c’est la même chose. Il y a des idiotismes qu’il faut connaitre et respecter. Ils ne sont ni décrits ni prévus dans les grammaires, et c’est là toute la difficulté, pour moi en tout premier. C’est pour cela qu’on ne recommandera jamais assez l'enseignement du « Parlar Plan » de Gilabèrt Narioò. Les néoculteurs, fussent-ils diplomés de linguistique de l’Université, font trop souvent fi de ces idiotismes, et nous ressortent une langue calquée sur le français. C’est dommage et préjudiciable du point de vue du puriste.
Prenons un exemple. Je veux traduire en gascon la phrase suivante :
En gascon, c’est la même chose. Il y a des idiotismes qu’il faut connaitre et respecter. Ils ne sont ni décrits ni prévus dans les grammaires, et c’est là toute la difficulté, pour moi en tout premier. C’est pour cela qu’on ne recommandera jamais assez l'enseignement du « Parlar Plan » de Gilabèrt Narioò. Les néoculteurs, fussent-ils diplomés de linguistique de l’Université, font trop souvent fi de ces idiotismes, et nous ressortent une langue calquée sur le français. C’est dommage et préjudiciable du point de vue du puriste.
Prenons un exemple. Je veux traduire en gascon la phrase suivante :
"Dans le ciel bleu, il n’y a qu’un petit nuage blanc." Une traduction mot-à-mot à l'aide du dictionnaire, dans le style de ce qu'on peut lire trop souvent (hélas), donnerait : "Dens lo cèu blau, n’i pas sonque un pifalhet (un brumalhon blanc). "Cette traduction N’est PAS correcte en gascon. La phrase correcte, avec l’article lo, est la suivante :
Au cèu blu, n’i ei/es pas sonque un brumalhon blanc. Ou, en gascon "pyrénéen" qui emploie l’article « eth » et non pas « lo » :
En cèu blu, no’i es/ei/e pas/cap etc.
"Regarde dans le ciel" se dit "espia au cèu" (en gascon qui emploie l'article "lo") ou espia (guarda, talaja, aueita) en cèu (en gascon qui emploie "eth").
Pour bien s’exprimer en gascon, apprenons et appliquons les recommandations que G. Narioò a compilées dans son ouvrage «Parlar Plan», paru aux éditions Per Noste. On y trouvera, en particulier, les explications sur le bon usage de "hens" ou "dens" en gascon. J'y ajouterais bien volontiers une mention basée sur les textes anciens exposant le problème posé dans la langue ancienne par la combinaison de la preposition "en" avec l'article définin masculin lo, problème finalement résolu ou plutôt évité en substituant "en" par "a" spécifiquement dans ces cas précis où la préposition est suivie par un article défini.
Je rappelle donc:
"Regarde dans le ciel" se dit "espia au cèu" (en gascon qui emploie l'article "lo") ou espia (guarda, talaja, aueita) en cèu (en gascon qui emploie "eth").
Pour bien s’exprimer en gascon, apprenons et appliquons les recommandations que G. Narioò a compilées dans son ouvrage «Parlar Plan», paru aux éditions Per Noste. On y trouvera, en particulier, les explications sur le bon usage de "hens" ou "dens" en gascon. J'y ajouterais bien volontiers une mention basée sur les textes anciens exposant le problème posé dans la langue ancienne par la combinaison de la preposition "en" avec l'article définin masculin lo, problème finalement résolu ou plutôt évité en substituant "en" par "a" spécifiquement dans ces cas précis où la préposition est suivie par un article défini.
Je rappelle donc:
(fr.) il souffle... dans un éthylomètre, ...dans l'éthylomètre, ...dans le sac, ...dans un ballon =gasc. que boha...EN un etilomètre, ...A l'etilomètre , ...AU sac, ...EN un balon. Il travaille... dans une banque, ...a la banque, ...dans la banque de son oncle, ...dans cette banque: Que tribalha... EN ua banca, ...A la banca, ...A la banca de l'onco, ...EN aquera banca.
Quelques exemples tirés de la littérature avec des primolocuteurs comme auteurs:
A force de cheminer, ils arrivèrent DANS un pays où tout le monde parlait français. / A fòrça de caminar, qu'arribèren EN un país on tot lo monde parlavan francés (F. Arnaudin, Contes, transcription P. Guilhemjoan).
Quelques exemples tirés de la littérature avec des primolocuteurs comme auteurs:
A force de cheminer, ils arrivèrent DANS un pays où tout le monde parlait français. / A fòrça de caminar, qu'arribèren EN un país on tot lo monde parlavan francés (F. Arnaudin, Contes, transcription P. Guilhemjoan).
...qui logeait des moutons DANS une borde à Lombet / ...que barrava EN ua bòrda a Lombet (F. Arnaudin, Contes, transcription P. Guilhemjoan).
Puis elle entra DANS les Galeries Béarnaises... / Puish qu'entrè A las Galerias Biarnesas... (A. Peyroutet, Miratges).
Ou l'avez-vous? DANS la poche de la veste, du gilet? Oun l'ats? A la potche de la beste, dou gilet? (Césaire Daugé, Lou Bartè, graphie de l'auteur).
Et que portes-tu là DANS cette bourse? / E que pòrtas aquí EN aquera borsa? (F. Arnaudin, Contes, transcription P. Guilhemjoan).
DANS un moment de mélancolie o de tranquillité, vous qui avez autour de la quarantaine, vous êtes vous jamais arrêtés afin de... / EN un moment d'adirèr o de tranquillitat, vosauts qui ètz peu torn de la quarantena, e v'ètz jamei estangats entà ...(Simin Palay: los Tres Gojats de Bordavielha, P.N.).
Cette vie tranquille, DANS une maison dont tout fonctionnait sans qu'on lui demandât jamais rien,... / Aquera vita tranquilla, EN ua maison dont tot marchava shens que'u demandèssen jamei arren... (S. Palay, los Tres Gojats de Bordavielha, P.N.).
La balle du pistolet avait fait un petit trou derrière l'épaule gauche et s'était, pour sûr, logé DANS LE coeur. / La bala deu pistolet qu'avè hèit un petit horat darrèr l'espatla esquèrra e que s'èra, per segur, lotjada AU còr. (S. Palay, Los tres Gojats de B., P.N. ).
Car nous avons cet honneur de vivre avec vous, qui êtes DANS ce pays, DANS cette contrée, plus que ne fut jamais DANS son pays Homère. /
Qu'avem aquera aunor que de víver dab vos,
Qu'ètz EN aquest país, EN aquesta tecoèra,
Mes que non hoc jamés A son país Omère.
(Bart Rolletus, Gimont , Avant-propos " Lo Gentilòme Gascon, G. Ader, 1610, Traduction française et graphie gasconne, P. Guilhemjoan, Per Noste)
Si la préposition ne concerne pas un point fixe mais une série de points en dynamique, "dans" se traduit par "per".
Il se promène... DANS une rue, DANS les rues de la ville, DANS LE village: Que's passeja... PER ua arrua,...PER las carrèras de la vila, PEU vilatge.
Fouiller DANS l'armoire: Horucar PEU cabinet (Hourucà p'ou cabinét, Dic. Palay).
Dans le cas où la préposition de lieu peut être remplacé par à l'interieur de, a l'interior de, et seulement dans ce cas, on peut employer "hens" ou "dens" à la place de en /a, avec une nuance d'enfermement, de confinement ou de contraste avec l'extérieur.
Exemples:
Tout à l'heure, en sautant, je suis tombé hors de la rivière...Remets-moi dans l'eau, je t'en prie. / Toutare, én saoutans, que suy toumbat ÉN hore de l'arribéyre..Tourne-meu HÉN l'aigue, que t'én prégui. (F. Arnaudin, sic)
Et la guêpe et toutes celles du nid s'enfournèrent dans son ventre. / E le bréspe e toutes les dou nit s'énhournén hen soun bénte (E le vrespa e totas les deu nid s'enhornen hens son vente) (F. Arnaudin)
Et les chevreaux lui promirent bien tout et s'enfermèrent dans la bergerie./ E los crabòts li prometóren bienn tot, e se barrèrenn hentz le bòrda (F. Arnaudin, adaptation graphique d'Eric Chaplain)
En français, on peut s'allonger ou déjeuner dans l'herbe, alors qu'en gascon on s'allonge ou on déjeune sur l'herbe et non dedans. Le français est ambigu, pas le gascon. La preuve:
Que boha au sac = il souffle dans le sac (dans ce premier cas, le sujet n'est pas dans le sac mais remplit le sac d'air).
Que boha hens/dens lo sac: il souffle dans le sac (dans ce deuxième cas, le sujet est enfermé dans le sac et il souffle).
Evidemment, l'usage de "dens" ou "hens" en mode gallicisme, est devenu commun, même chez des primolocuteurs, et il a tendance à se généraliser à cause du français. C'est ce que dénonce, à juste titre, Gilabèrt Narioò dans "Parlar plan". En, a, per, hens / dens, les propositions ont un sens et un usage précis qu'il faut apprendre et appliquer. Faire la chasse à de vieux gallicismes comme le mot "blu" tout en employant systématiquement la préposition "dens" pour traduire le mot français "dans" et ainsi calquer le français, c'est paradoxal et absurde! C'est ce que nous enseigne, entre autres choses, le "Parlar plan" de Gilabèrt Narioò. Coneguda causa sia!