Si l'on cherche un étymon indoeuropéen pour l'hydronyme Nive, on en a un possible avec le celtique Andounna (lit. "eaux du bas"). Andounna est un théonyme attesté (Delamarre, Dic. l. Gaul.), duquel il est possible de faire dériver l'hydronyme Nive sans aucune difficulté si l'on suppose que la forme de l'hydronyme du bas-Adour en latin était *Anduna (<Andounna). Il existe en Navarre un río Anduña qui pourrait partager l'étymon (via le latin *Andunna). La derivation vers Nive suppose néanmoins que l'adaptation du mot celtique en latin du Bas-Adour se soit faite sans géminée (*Anduna). Cela pourrait être la seule difficulté mais, en réalité, ce n'en est pas une, puisque à "Andounna" est opposée l'autre divinité dont le nom latinisé est "Uxona" (< *Uxounna) interprété par "Eaux du haut" (J-Y Lambert, repris par X. Delamarre, cf. Dic. L. Gaul.) cf. aussi le doublon hydronymique Ausona et Ausonna.
La phonétique gasconne du bas-Adour fait le reste:
Latin *Anduna -> (L') *Anua / *Nua -> Niva = Nive /'niwə/ et /'niβə/ en gascon.
La simplification -nd - en n et la perte de n intervocalique sont des traits généraux du gascon. En gascon du Bas-Adour, la chute du n placé entre entre u et a (una) ne se limite pas à ua mais conduit à iva. Par exemple lat. "una" > iva /iwə/ mais /iβə/ à Bayonne , de même pruna > priva /priwə/ et /priβə/ , luna > liva /liwə/ et /liβə/ etc, etc. La première mention de Nive l'est sous la forme Niver, il n'est pas certain que Nive vienne de Niver, c'est plutôt Niver qui viendrait de Nive par l'artifice d'une graphie latinisante sans fondement étymologique. C'est aussi le cas de Poueyferré qui est une vraie fausse forme latinisante (Podium ferrarium en latin médiéval ) dérivée du toponyme gascon Poèi (h)arrèr qui signifie en fait colline arrière. Rien à voir avec le fer. Et aussi on se souvient de gave écrit gaver ou gaber, en latin avec ce "r" d'on a strictement nulle trace dans le lexique gascon Le mot gascon gave est un dégressif de gavet, forme affixée populaire de gau (s.f.), étym. aqualis selon Coromines (El parl. de la V. d'Aran), plutôt étymon canalis selon moi (voir là); sans parler d' Hondarribia devenu "Fontarrabia" puis Fuentarrabia (Fontem rapidum en latin médiéval) ce ne sont que des fantaisies graphiques latinisantes sans rapport avec l'étymologie réelle (Hondarribia: gué de sable).
A la question, pourquoi proposer une étymologie celtique à cet hydronyme, je répondrai : pourquoi pas? On n'a pas d'étymologie basque convaincante pour Nive, en dépit de la proposition de Coromines d'"Oniber" (< on ibarr) qui supposerait donc 1- que l'adjectif on-précéderait le nom (ibarr), ce qui n'est pas franchement basque 2- que ibarr aurait perdu l'r final dans la phonétique gasconne. Cette proposition est , à mon humble avis, grammaticalement et phonétiquement inacceptable. On n'a pas non plus une étymologie basque convaincante pour expliquer Deba. Dans ce dernier cas, une étymologie celtique est admise. Il est possible que ce soit le cas dans le premier aussi et donc je propose une solution.