Il y a un autre mot qui m'apparait de construction typiquement gasconne, que l'on retrouve dans plusieurs langues romanes, c'est "trabucar" var. "trebucar" (fr. trébucher, esp.port.cat trabucar) avec son substantif "trabuc", "trebuc" ( fr. trébuchet, esp. & port. trabuco, cat. trabuc, it. trabucco) avec des significations souvent passablement différentes d'une langue à l'autre. L'hypothèse étymologique conventionelle suppose un lexème composé de tra + buc, tra pour trans, "buc" étant un germanisme (francique ancien) signifiant "bol", "ventre". Le concept avancé par cette hypothèse étymologique est celui de "renversement", de "basculement". Toutefois, cette hypothèse est à remettre en cause à la lueur du gascon. En effet, ce mot existe bien en gascon sous la forme graphiée "trabucar" var. "trebucar" (graphie alibertine). En gascon, si la prononciation /β/ de la seconde consonne graphiée "b" de ce mot trabucar var. trebucar est quasi-générale, on trouve tout-de-même la variante /w/, ce qui suggère qu'en réalité le mot gascon devrait être écrit travucar, la prononciation /trawy'ca/ étant attestée au moins à Captieux (G. Balloux, com. perso, cf. ALG). Cette seconde consonne /w/ ne va pas bien avec cette hypothèse de l'étymon germanique "buc", elle suggère plutôt qu'elle dérive d'un "v" latin qui, en position intervocalique, se prononce en gascon soit /w/ soit /β/, selon les parlers.
Le gascon présente ce substantif "trabuc" (s.m.) (var. "trebuc") qui désigne à la fois la cause et l'effet du "trabucar". L'effet, c'est le trébuchement, le heurt, le faux-pas, l'accident. Mais, de manière intéressante, il désigne aussi la cause du "trabucar". Trabuc signifie obstacle, empêchement, piège, tout ce qui entrave au sens figuré. En gascon ancien, trabuc pouvait servir d'adjectif, il avait alors le sens de lent, qui peine à avancer (Lespy), on pourrait dire "entravé". Les significations gasconnes du mot n'ont rien à voir avec le concept de "renversement" ni de "basculement" . La relation avec "travar" (fr. entraver) et le "trau" (la poutre) ou plutôt la "trava" (l'entrave) apparait, en revanche, claire à la lueur de la sémantique et de la morphologie des mots "trabuc" et "trabucar" en gascon. Cette relation est encore plus évidente avec son autre forme synonyme "entrabucar". Le glissement sémantique vers le concept de balancier ou de basculement qui a conduit à l'hypothèse erronée impliquant le mot francique "buc" n'a pas de raison étymologique, elle a été en fait induite par l'engeniérie de la machine d'artillerie médiévale qui porte justement son nom: le "trébuc" en ancien picard, aujourd'hui "trébuchet" en français. J'y reviendrai plus loin.
La formation de "trabuc" apparait similaire à celle d'autres mots gascons comme "horuc" (cavité, creux, on retrouve ce mot en catalan occidental pyrénéen: foruca = abri sous roche, cf. foruca in DCVB), "peruc" (petit bec, partie cornée du bec), "peluc" (poil naissant, duvet pileux). Trabucar est au verbe travar (fr. entraver) ce que horucar est à horar (fr. creuser, forer lat. forare, horucar signifie fouiller par confusion avec hurgar ), etc, c'est-à-dire des formes obtenues à partir du substantif affixé avec -uc, -uca: ("trabuc" de "trau /-a"); "foruc" et "foruca" de "for" ou plutôt de son féminin "*fora" lat. forum puis forus, cf. esp.hura, port. fura, du lat. foro, creuser); "peruc" de "pèth" (lat. pellis); "peluc" de pèl, pèu (lat. pilus), "entrabuc" de "entrava" etc d'où le verbe construit d'après le substantif (trabucar, forucar, perucar, pelucar, entrabucar etc). Il peut s'agir de l'affixe roman -uc(u), -uca qui est toujours très vivant en espagnol régional où il a une valeur diminutive et affective (c'est celui de la "tierruca", la "petite patrie" chère aux Cantabres d'aujourd'hui). En occitano-roman, ce même affixe ou un affixe homonyme sert aussi à construire des adjectifs: astruc, pauruc, pesuc etc comme c'était aussi le cas en latin ("caducus", fr. caduc; de cadeo, tomber). En gascon, ces deux affixes peuvent se confondre: la forme feminine de pesuc peut se faire en pesuca à la place de pesuga (cf. pesuc dans Palay). Il n'est donc pas impossible que "trabuc" ait commencé sa carrière comme adjectif, derivant de trava voire de travar. L'adjectif "trabuc" est attesté dans la langue ancienne avec le sens de "qui a du mal à avancer, lent". Cet adjectif s'est éteint. On a un autre cas semblable avec "pachiu", de sens assez similaire à "trabuc". C'était un adjectif épicene qui signifiait "qui entrave", "qui empêche" (cf. latin in-pedicare). Les notaires médiévaux l'associaient souvent avec le substantif "contra" (contraire): "sens contra pachiu" = sans contraire qui empêche, autrement dit "sans contre-indication". L'adjectif en tant que tel est éteint mais est à l'origine d'un substantif masculin lo "paishiu" ou "puisheu" (selon les parlers) qui signifie "problème", "difficulté", "empêchement".
Le passage du "v" latin de travar (fr. entraver) au "b" de trébucher s'explique par le traitement phonétique gascon du "v "intervocalique. En gascon, la phonétique étymologique de trauucar avec /w/ (trawy'ca) de trauuc a été presque totalement éliminée mais pas totalement. L'existence de ces exceptions en /w/ ainsi que le substantif gascon trabuc qui signifie obstacle, empêchement, entrave (en plus de trébuchement, probablement plus tardif) m'a conduit à proposer cette théorie alternative et non-conventionnelle d'une étymologie cent pour cent romane et cent pour cent gasconne de trabucar /trebucar à l'origine de trébucher. C'est une forme de trau -trava affixée avec -uc(u). Le remplacement de /w/ par /ß/ dans ce mot s'explique comme réflexe typiquement gascon facilitant l'articulation du mot dans le flux de la conversation et permettant ainsi d'éviter la simplification naturelle de ces formes "/trawu'ca/, /tra'wuc/ vers des dérivés respectivement dissillabique et monosillabique qui rendraient la signification ambigüe. De ce point de vue, le "b" de "trabucar" joue bien le même rôle que celui dans le mot gascon "(f)labuta" ( de "flaüta") ou dans le mot "robinar" (forme bien gasconne pour "ruïnar", cf. Arnaudin, Palay) en permettant d'éviter cette perte d'une syllabe par aphérèse que l'on observe avec le mot "flûte" (anc. "flaüte") en français. La différence, c'est que le "b" de "trabuc(ar)" n'est pas épenthétique, il provient du "u" de "trau" (latin "trabs"). Ce bétacisme est, en soit, un gasconisme.
En ancien gascon, le "a" prétonique comme le "e" prétonique devaient se prononcer autour d'un /ə/, et la scripta gasconne a hésité entre le e et le a : trabucar ou trebucar; trabuc ou trebuc. Cette hésitation est régulière en gascon médiéval et les deux possibilités de résolution sont retrouvées en gascon contemporain conduisant à des doublets phonétiques et graphiques selon les parlers, puisqu'en gascon contemporain, le "e" et le "a" prétoniques sont phonétiquement distincts. Par exemple, sagrement ou segrement (lat. sacramentum), cf. en béarnais segrat (cimetière, latin sacratu-), gasc. mod. demorar ou damorar, sason ou seson, (ar) rason ou (ar)reson; fr chagrin - > gasc. shegrin etc, etc. Le mot gascon "trebucar", variante autrefois juste graphique de "trabucar", est certainement à l'origine de la forme française trébucher. On voit que le verbe gascon "trabucar" a voyagé au gré du continuum (gallo)roman, pour devenir un mot de base de ce dernier, comme cet autre mot gascon "anar" (forme gasconne d' "andar") qui serait à l'origine du mot occitan "anar" et du mot de l'ancien français "*aner", concurrent de la forme "aller" (si l'infinitif *aner n'est pas attesté dans les textes en ancien français au sens large, comprendre en langues d'oil, en revanche les formes conjuguées dérivées d*aner comme anium (= allions), anez, anet (= alla) le sont bien, cf. le dictionnaire d'ancien français de Godefroy et "aller" dans le CNTRL).
Les formes des mots arpitan "trébechier" et français "trébucher" nous suggèrent que le mot gascon "trebucar" a voyagé vers le nord dès les origines de nos langues romanes. Le mot "trebuc" (var. trabuc) a lui-même aussi voyagé, la forme trébuc (mais aussi trabuc) étant attestée en langue d'oil médiévale. Le mot désignait une machine médiévale d'artillerie. Le mot trébuchet en est une forme diminutive francienne dont on reparlera plus loin. En revanche, la forme "trabuc", tout aussi gasconne, est celle qui est passée dans les langues de la péninsule ibérique et en italien. La vogue européenne pour la machine d'artillerie apparait être la cause de la diffusion de ce mot "trabuc" en dehors de son domaine strictement gallo-roman. En français, c'est à notre "trabuc" que cette machine, le trébuchet, doit son nom. En gascon "trabuquet", var "trebuquet" désigne une sorte de piège pour chasseur. Le mot français trébuchet a cette même signification, attestée dès le 12ème siècle (voir trébuchet in CNTRL). A partir du 13ème siècle, en langue(s) d'oil, le mot trébuc prend une double signification: celui du trébuchet, cette innovation technologique qui servait à projeter des pierres dans le but de détruire les murs, d'où sans doute la signification de "ruine" prise aussi par ce même mot "trébuc" et c'était là, sa deuxième signification. On retrouve dans un même mot la cause (la machine) et l'effet (la ruine). Ces significations militaires de "trébuc" sont aujourd'hui éteintes en français qui ne conserve ce mot que sous sa forme affixée diminutive francienne. Le trébuchet était une sorte de version mécanisée très améliorée de la catapulte qui servait à envoyer toutes sortes de projectiles sympathiques à travers ou au-dessus des murailles comme pierres, cadavres de malades infectieux et autres choses magnifiques. Il n'est tombé en désuétude que seulement au 16ème siècle avec la généralisation de l'usage du canon.
Ce trébuchet médiéval, "trébuc" ou "trabuc" en ancienne langue d'oil, était devenu bien entendu un engin d'artillerie très en vogue dans toute l'Europe. Hors de France, les langues romanes ont adopté le mot gascon en même temps que les locuteurs ont adopté la machine d'artillerie. Elle était appelée "trabuco" en espagnol et en portugais, "trabuc" en catalan, "trabucco" en italien. Je ne sais pas si l'inventeur du trébuchet était gascon; le mot, en tout cas, l'est sans aucun doute. Et nul doute que c'est cette machine de guerre qui a permis la diffusion de ce mot gascon dans ces langues-là. Le mot est attesté au 14ème siècle en catalan, 15ème en espagnol (J. Coromines), il y désigne la machine d'artillerie. L'adaptation dans ces langues est fidèle au mot gascon, en dépit de la prononciation /y/ du "u" gascon. Il est peu probable qu'à l'époque du début de la diffusion de ce mot dans la péninsule, le "u" gascon se prononçât encore /u/. L'adaptation est donc culte et fidèle. En gascon "trabucar" signife "trébucher" comme en français mais aussi "entraver" au sens figuré. Dans ce deuxième cas, il est transitif. C'est probablement la signification la plus proche de l'étymologique et la plus ancienne. En catalan et en espagnol, trabucar ne signifie pas du tout trébucher ni entraver mais en général renverser. La machine de guerre a certainement été à l'origine du glissement sémantique du verbe trabucar d'entrave à basculement, renversement. C'est par le truchement de cette nouveauté qu'était cette machine d'artillerie médiévale, vite devenue indispensable partout, que les voisins du sud ont connu et emprunté ce mot, alors que le mot gascon s'est répandu dans le domaine gallo-roman bien avant l'invention de la dite machine. Ceci explique la différence sémantique présentée par le mot au nord et au sud des Pyrénées. Le trébuchet catapulteur a fait tomber aux oubliettes ce concept d'entrave qui a pourtant donné son nom à la machine. Un système de treuil et d' entrave permettait de garder le bras du trébuc (trébuchet) à la position de charge avec le contrepoids en l'air et le bac de charge en bas. En retirant l'entrave, on provocait le mouvement de bascule du bras catapulteur induit, sous l'effet de la pesanteur, par le contrepoids situé à l'autre extrémité. Cette innovation sémantique de basculement, de renversement faussement associée à l'étymon de "trabucar" a pu aussi être influencée par confusion d'étymon. En occitan, "abocar" /abu'ca/ la même signification que le mot catalan "trabucar" /trabu'ca/ c'est-à-dire "renverser". En revanche, "abocar" en gascon a le sens d'"aboucher" (étym. latin bucca) et non celui de "renverser".
En portugais, "trabucar" ne signifie ni "trébucher", ni pas vraiment "renverser". Il a basiquement trois significations: celle d'attaquer avec un "trabuco" (une sorte d'escopette, je reviendrai sur ce mot). Une autre signification est celle de mettre sens dessus-dessous, d'agiter, de mélanger, de chambouler, on retrouve ce concept avec trabucar en espagnol, probablement dérivée du concept de renversement élargi au "mis sens dessus-dessous". Une troisième signification du mot portugais "trabucar" est faire un travail pénible, un dur travail. Cette signification est très particulière, elle n'existe pas ni en espagnol ni en catalan. Cette signification spécifique au mot portugais rentre beaucoup mieux dans le cadre sémantique général qu'a le mot en gascon tout en suggérant un influx de "trabalhar" assez évident. Ce concept de travail pénible rappelle le sens qu'avait l'adjectif "trabuc" en ancien gascon: qui peine à progresser, lent. On est, là, loin des significations de "renverser" ou de "chambouler" qu'ont le mot en catalan et en espagnol, significations inconnues en gascon. En plus du "trabuco" de l'artillerie, le mot a pu entrer au Portugal par une autre voie plus directe dans le cadre d'échanges entre le Portugal et la Gascogne, peut-être par l'apport linguistique d'immigrants gascons au Portugal. On n'en a un exemple avec le mot portugais "calhau" pour "pedra", qui suggère que des Gascons, peut-être des cantonniers de métier, y ont laissé le mot. Ce mot calhau, gascon et plus largement occitan, est absent de l'espagnol et du catalan. On a pu aussi avoir des échanges linguistiques par l'intermédiaire des nombreux portugais (dont beaucoup de "Nouveaux Chrétiens" convertis de force, en réalité de confession juive cachée) qui s'installèrent comme commerçants en Gascogne occidentale à partir du début du 16ème siecle.
En italien, le verbe "trabuccare" n'a rien à voir avec le "trabuc" gascon ou avec le "trabucco" italien. L'étymon du verbe italien trabuccare, ici, est à nouveau bucca (bouche), c'est celui du mot gascon abocar et du mot français fr. aboucher.
Une petite pensée, en tant que catalan d'adoption, aux "trabucaires" catalans. Ce ne sont pas des "trébucheurs" (qui serait le sens du mot en gascon) mais des gens armés de "trabucs" c'est à dire d'une sorte d'escopette. Alors que le mot "trébuc" sous cette forme s'est éteint en langue d'oïl avec la disparition de la machine médiévale, chez nos voisins du sud, le nom de la machine médiévale a été recyclé pour désigner cette escopette: "trabuc", en catalan, "trabuco" en espagnol et en portugais désignent ce petit fusil artisanal. Le mot avec cette signification est revenu en gascon sous sa forme espagnolisée: "trabuco" var. "trebuco" (voir Palay).
On a vu que notre mot gascon "trabuc" a été correctement adapté en espagnol et en catalan: "trabuc", "trabuc", "trabucar". Le gascon présente une autre forme synonyme de "trabuc" qui est "entrabuc" var. "entrebuc" qui renvoie à la forme romane "entravar" (fr. entraver) au lieu de "travar". "Entrebuc" ou "entrabuc", "entrebucar" ou "entrabucar" sont selon moi, à l'origine des mots catalans "entrebanc" et "entrebancar" (en fr. problème, obstacle, empêchement ; poser un problème, une difficulté ). Cet emprunt semble relativement récent: la première attestation du mot en catalan ne remonte qu'au 19ème siècle. Cet "n" épenthétique que l'on trouve dans cette adaptation populaire catalane d'un mot gascon n'est pas un cas isolé. On le retrouve avec cet autre mot catalan "deixondar" qui signifie réveiller. Ce dernier mot catalan dérive certainement, toujours selon moi, du mot gascon "deishudar" de même sens , lui-même dérivant du lexème latin "de-excitare". Entrebancar, deixondar, il ne s'agit plus ici de vocabulaire militaire savant mais de cas d'adaptations populaires de mots gascons en catalan. Ces mots gascons ont en commun de présenter le phonème /y/ qui pose problème en catalan car ce phonème n'y existe pas. Dans les deux cas, le problème a été résolu par la substitution du "u" /y/ gascon par des voyelles nasalisées. Il ne faut jamais oublier qu'on a parlé gascon en Catalogne et pas seulement dans le Val d'Aran. Les Gascons ont immigré en nombre et en continu en Catalogne et ce, au moins depuis la fin du Moyen-Âge. Dans Don Quijote, Cervantés écrit explicitement que la bande de voleurs menée par le bandit catalan Rocaguinarda parle un langage hybride catalanogascon. Le dictionnaire catalan, valencien baléare d'Alcover - Moll, fait au 20ème siècle, nous témoigne encore des traces d'un tel parler hybride catalanogascon qui servait en Catalogne comme une sorte d'argot (voir à "frai" dans ce dictionnaire, aussi dans les dictionnaires de roussillonais ou nord-catalan, Verdaguer, Botet-Camps). L'impact de l'immigration gasconne en Catalogne et son influence linguistique sur le catalan sont largement ignorés par les linguistes, y compris catalans. Je pense que cela devrait changer car je sais que mon blogue est lu en Catalogne et que la thématique des Gascons catalans commence a y être de plus en plus étudiée par les historiens. Les mots ne s'arrêtent pas du tout aux domaine nationalistes ou étatiques, fussent-ils aussi linguistiques, ils passent d'un domaine à l'autre avec les locuteurs. Et quand ils sont utiles et/ou plaisants, ils s'enracinent quite à chasser le mot proprement catalan. C'est le cas par exemple du mot catalan sensu stricto (catalan catalan, pas valencien, par exemple) "noi" qui signifie "garçon" . Noi vient du mot gascon "ninòi" que le catalan a faussement décomposé en nin noi. Noi a remplaçé xiquet. Un autre exemple semblable est le mot "galleda" (fr. seau), dialectalement "galleta" qui en est la forme ancienne, du gasc. "galeta", forme allélique de "canaleta" (goulot de la fontaine). En catalan de Catalogne, le gasconisme "galleda" a chassé le mot cat. "poal". "Galleda" est absent des lexiques valencien et baléare qui ont bien conservé poal. On a aussi le gasconisme "gahús" (hibou) qui, sous sa forme ancienne "gaús" (cf. Lespy), a chassé le mot catalan synonyme "mussol", ce dernier étant le mot encore employé en valencien et en baléare; ou encore le verbe "quequejar" (pour cat. "tartamudejar" : en fr. bégayer (en gascon quequejaire": que que que podem díser que-quequejar qu-qu'ei plan gascon :-D ), sans oublier l'interjection typiquement catalanocatalane Déu-n'hi-do forme grammaticalement adaptée de son équivallent gascon Diu me dau (lit. Dieu (je) me donne; en gascon, forme cryptée de D. me damne), etc. Cette liste de prêts gascons est loin d'être exhaustive.
En conclusion, plutôt qu'un lexème mixte latinofrancique tra - buc-ar, je suppose une construction romane trabuc (ar) très régulière et typiquement gasconne, trabuc(ar) forme affixée de trau(ar), avec originellement la signification probable d'entrave" (si substantif) ou entravant et entravé (si adjectif). Evidemment, si vous recherchez l'etymologie de "trébucher" ou de "trabucar" respectivement dans un dictionnaire français, espagnol ou catalan, vous trouverez à chaque fois la même étymologie tra- buc-(ar) ou tre-buc-(ar) implicant le substantif du francique ancien "buc" = bol, ventre, comme si le lexème était indigène dans chacune de ces langues. Toutefois ce supposé lexème romanofrancique assez baroque ne peut pas avoir été inventé indépendamment dans chacune de ces langues: français, catalan, portugais et espagnol. Il a du être créé dans un seul domaine et a ensuite diffusé dans les autres. Donc, lequel peut en revendiquer le berceau? Eh bien, je pense que ce mot vient bien du domaine gascon et qu'en plus l'étymologie n'est pas du tout francique mais tout-à-fait romane, à la mode gasconne. Ce mot a diffusé vers le nord et vers le sud sous deux formes: plutôt trébuc vers le nord, trabuc vers le sud. La première diffusion du mot trébuc vers le nord a du être ancienne et pu être suivie par une deuxième vague liée à la diffusion de la machine à catapulter désignée par ce mot "trabuc". On trouve ces deux formes "trébuc" et "trabuc" pour désigner la machine en langue d'oil médiévale. La diffusion du mot "trabuc" vers les péninsules ibérique et italienne semble spécifiquement liée à celle de la machine à catapulter. Cette machine a fait oublier le concept d'entrave qui lui a pourtant donné son nom. Le mouvement de basculement du bras entrainé par le contre-poids suite à la levée de l'entrave est à l'origine de la dérive sémantique conduisant à cette savante étymologie tra - buc bien imaginée mais bien imaginaire, sans rapport avec la signification la plus ancienne du mot. Ce concept de basculement, de renversement n'est pas étymologique et est d'ailleurs absent de la sémantique du mot en gascon.
5 comentaris:
La paraula "trabuc" vol dir únicament en llengua valenciana-catalana-balear la màquina que feien servir els moderns per a disparar una bala, que podia ser carregada amb un fil d'aram posant-li la pòlvora, el que hui seria un fusell. El que no sé és si també s'utilitza per a dir catapulta, i trabucar jo el faig servir per a dir que m'he confòs de frase o de paraula, per exemple, si jo dic: jo visc quan he Valéncia, he trabucat la frase i sol anomenar-se trabucar si hi ha hagut un defecte de col·locació de la llengua.
I parlant sobre la lletra "v", t'haig de dir que a Catalunya està totalment perduda i a alguns llocs del domini del valencià de la llengua valenciana a Catalunya com Lleida o la Tarragona occidental. Mentres que a Valéncia ciutat encara la conserven algunes persones majors, mon pare la feia servir, la "v" en comptes de la "b", potser perquè ma iaia o mare d'ell era d'origen aragonès, de les terres aragoneses de Valéncia on si que es conserva també com en els àmbits rurals de la Comunitat Valenciana.
I del verb "anar" dir-te que pel que jo conec a la Comunitat Valenciana és absolutament viu, per a dir en francès, per exemple "aller" es diu "anar" amb la diferència del català del pretèrit perfet simple, que nosaltres els valencians diem "aní", els catalans sempre diuen "vam anar" mentre que nosaltres tenim, en tots els verbs les tres formes "vam...", "vàrem..." i la del pretèrit perfet simple.
Un abraç des de Valéncia, i que seguisques publicant, quan això no passe pots començar a preocupar-te, i a mi ja m'està passant, que em repetisc més que l'allioli.
Vicent Adsuara i Rollan
El trabuc s'utilitza també hui en les festes de "Moros i cristians" que se celebren a Alcoi, que són les més reconegudes de la Comunitat Valenciana, com a moltes ciutats del sud de Valéncia, del nostre territori.
I és fan servir per, simbòlicament traure del castell de la ciutat als moros que l'han conquerit i re-conquerir la ciutat per a la Cristiandat. Ja hi ha hagut àrabs, que s'han queixat, però és una festa molt arrelada al poble valencià i no podran amb la idea de re-conquesta, l'elit intel·lectual parla de conquesta cristiana, quan des dels romans es ve parlant d'Hispania, que tenia la capital en la ciutat d'Emérita Augusta, hui Mérida, que és la capital d'Extremadura.
Vicent Adsuara i Rollan
Vicent Adsuara i Rollan
Mérida, l'Emérita Augusta és la ciutat de mà mare i de tota la meua família materna, si pots, visita-la, és una xicoteta Roma.
TRABUCACIÓ, [TREBUCACIO] s. Ruïna, davallada, decadència.
"... de que la terra roman molt desconsolada e james desolada, axi per la mort de les persones com de la perdua dels bens, com de la ruinosa trebucacio de la dita ciutat." Salzet, Mateu Cronicon Any 1403
ENTREBOCAR, [ENTREBUCAR] v. n. Trabucar, capgirar, precipitar.
"Lo versificador diu: -Bellea, linatge, costumes, saviea, les coses e les honors per sobtosa mort caen e entrebuquen, mes los merits solament romanen e estan." Cessulis, Jaume de Llibre de bones costumes dels hòmens 3r tractat, cap. Primer
Trabucació, en ancian francés qu'èra trabuc o trebuc.
En catalan que i podó aver confusion de dus etimons: bucca (entrebocar) e trava (trabuc), pr'amor de la pronónciacion /u/ de la letra "u", en efèit.
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