Il faut rappeler ici que dans notre zone pyrénéenne, le mot latin palus, paludem (marécage, étang, zone humide ) subit souvent (mais pas systématiquement) une métathèse : palude - > padul (cette dernière forme est attestée en aragonais médiéval).
Cette forme padul a évolué en paúl" conservé en aragonais contemporain avec la signification de "marécage" (voir les articles d'hydronomie pyrénéenne et aragonaise de Robert Aymard, 2002 et 2004, ce dernier téléchargeable en cliquant là ). En gascon, la perte du d de padul a posé le problème du hiatus et ce mot a du évoluer de deux façons: perte d'une syllabe par diphtongaison avec assimilation du l final (/w/), c'est le cas du toponyme Pau (peut-être aussi par attraction du mot du lexique pau, pieux); conservation des deux voyelles avec insertion d'un /h/ cassant le hiatus, c'est le cas des mots du lexique: pahul, pahú (marécage, cf. Palay).
Pau (< *Padule plutôt que *Palu ? ) est situé en bord de Gave et tirerait son nom de l'ancienne zone humide qui occupait le lit de la rivière, comme Pont-Long < *Padulem longum selon Coromines et comme Lescar ( lieu où poussent les laiches, marécage, terrain non cultivable, étym. *liscaris < lĭsca, laîche). Michel Grosclaude semble ignorer la forme métathésique *padule- , ce qui lui a fait refuser - sans bons arguments- l'étymon "palus" pour expliquer Pont-long aka Pallonc aka Pau-Loncq aka Pon Loncq etc. Cette métathèse est pourtant bien exemplifiée dans le Palay (Pahul, Pahú = marais). M. Grosclaude a proposé que Pont Long dérive de Spondam Longam > Esponde longue > Es (article masculin) *Ponde Longue (!!!) > Pont Long (!!!). Cette théorie n'est abolument pas crédible, même si elle a été reprise par d'autres après lui. Problématique aussi est la théorie de Jacques Lacroix qui reconnait dans le mot Long de Pont-Long le mot gaulois longo- auquel il prête le sens de marécage. Or, cette signification n'est attestée dans aucune langue néo-celtique. le (ou les) mot(s) signifient basiquement bateau, vase voire urne funéraire, le celtisme ne semble donc pas pouvoir s'appliquer au toponyme béarnais. .
Pour le toponyme Pau, Coromines admet comme étymon palus (marécage) soit sous la forme palu- (par confusion avec l'autre mot palus, pieu) soit sous la forme variante de paludem: padulem. Je pencherais pour la deuxième possibilité tout en suspectant une confusion avec l'autre mot pau (pieux) ayant facilité l'évolution morphologique du toponyme à partir de la forme Paúl >Paúu /Pa'yw/ vers la forme actuelle Pau /Paw/ au lieu de Pahú qui est la forme du lexique . Coromines refuse le recours à une très hypothétique racine "pré-indoeuropéenne" "Pal" (par ailleurs inconnue en basque) pour expliquer les toponymes gascons et/ou catalans Pal, Pals, Pau et Pala; Il explique ces toponymes par 1- palus avec le sens de marécage,via padul- par métathèse ou palu- par confusion; à cet étymon se rattachent, selon Coromines, Pau, Pals (en Empourdan), et Pont-Long < Pau-Long); 2- palus avec le sens de pieu, le toponyme viendrait de la présence d' un poteau indicateur soit de direction soit d'épaisseur de la couverture neigeuse qu'on trouve en particulier près des cols et aux croisement de chemins de montagne voir par exemple Pal en Andorre; 3- pala c'est le mot roman qui signifie pelle < lat. pala id, allusion à la forme des pentes du sommet qui évoque celle d'une pelle cf. Laspalles (en gascon: Las Palas). Donc il n'est nul besoin d'inventer un mot dans une langue inconnue supposémment "pré-indoeuropéenne", le latin suffit.
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