*Balano- <banatlo- (genêt, balai). *balano- est .la forme gauloise (cf. Delamarre, Dic. Gaul., Matasović, E.D.P-C), c'est une forme métathésique du mot proto-celtique *banatlo; les langues néoceltiques ont gardé la forme originelle. Ce mot celtique a un double sens : genêt d'une part, et balai de l'autre car le balai à l'origine se faisait avec des brins de genêt (cf. le mot anglais broom qui a le même double sens).
En gascon, le mot gaulois *balano a dérivé de différentes manières:. Le mot balen (*balano > *baleno > balen /baleŋ/ cognat du mot vx-f rançais balain (balai), lyonnais balan. désigne un sorte de râteau qui sert à ratisser et ramasser les feuilles. Il est aussi utilisé au féminin (*balena > balia) avec le même sens. Le "e" de balen suggère un changement d'accentuation dans l'évolution du mot (bàlanu- /'balǝnu/ -> balénu), comparable à celui qui a affecté le mot "bálano" en castillan (bálano > balano) d'étymon distint. Une autre forme du mot" balen" au féminin est aussi employée pour désigner une clôture en roseaux, en brandes, en genêts servant à protéger du vent : baliva (Bayonne) , balua, baluva (< *balia < balena ), d'où le verbe baluvar, balivar : clôturer etc. Il est vraisemblable que le mot gascon "balen" a du signifier "balai" autrefois, c'est la signification de l'étymon. On dit parfois que le verbe gascon "balejar" aussi graphié "baleyà" (fr. balayer) est un gallicisme, or sa construction en gascon à partir du mot "balen" apparait tout-à-fait régulière: (balen (s.m)> *bale(n)ejar / *bale(n)eyà (v.) >balejar /baleyà (fr. balayer) > baleja /baleye (s.f;, fr. balai). En revanche, il est très compliqué de faire dériver le mot français "balayer" de "balain" et de l'étymon *balano . La perte du "n" en position intervocalique est une caractéristique du gascon, elle n'est pas française. On observe cette perte de la nasale de l'étimon balano dans les mots "balayer" et "balai", ce qui permet de soupçonner un très vieux gasconisme déjà présent en latin médiéval dans le Livre Rouge de Chartres (1280) sous la forme "balez" (balais) qui pourrait représenter notre mot gascon "balens" ("balens" se prononce /ba'les/ en gascon). De même, on trouve en vieux-français le mot "balei" qui est une forme typiquement gasconne, pouvant soit représenter le mot gascon balen prononcé à la mode bayonnaise et landaise ( baley /ba 'lœj/) soit le déverbal masculin du verbe baleyà (baley /balei), en gascon baleye /baleja (s.f.) /. C'est donc plutôt le mot français "balayer" qui est un gasconisme (gascon "baleyà") et non le mot gascon qui est un gallicisme. La forme gasconne prise par le mot "balano", s'est généralisée en gallo-roman (voir FEW 1, 232 banatlo).
Reconnu du même étymon est le mot balaguèr, balaguèra (toponymiquement et anciennement: ensemble ou tas de genêts, et encore aujourd'hui en gascon: vent du sud, p.-ê. parce qu'il fait voler les feuilles, il balaye). Ce mot pourrait dériver de la forme suffixée en āko de balano : *balano > *balanāko -> *bala(n)ac -> balac -> balaguèr-a (dérivé affixé de *balac). Dans ce cas, l'absence de "n" dans ces mots romans signe un gasconisme passé en catalan en espagnol. L'accentuation des mots catalan "bàlec" et espagnol "bálago" pose question. Elle pourrait être artificielle, inventée par dégression de balaguer-o (gros tas de genêts) > cat. bàlec = genêt, esp. balaguero (gros tas de paille) > esp. bálago (paille), peut-être par attraction du cast. bálano. Une autre hypothèse pour expliquer l'absence du "n" de balano dans balaguer est celle d'une dégression illégitime du mot gaulois balano affixée avec -ako, donc un changement de ce qui peut sonner comme un affixe. bàlano > bàlako donc en catalan /'balək/ au lieu de */'balən/. En faveur de cette hypothèse est la forme "bale" ou "bala" qu signifie genêt en capcinois, tandis que "baleguer" y signifie lieu où poussent les genêts. . Cette hypothèse d'une dégression a l'avantage de concilier la forme gasconne balen (< bàlan = bàlen /'balən/) et catalane bàlec. Dans cette deuxième hypothèse, l'origine gauloise de l'étymon balano (pour banatlo) plaide à lui-seul en faveur d'un leg du gascon aux langues péninsulaires. Une origine celtibère n'est pas très vraisemblable à cause de l'ordre des consonnes qui est b-l comme en gaulois alors que l'ordre est b- n dans l'étymon proto-celtique.
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